À quel point faut-il respecter la vérité historique ?

Pendant la préparation de mon livre Worldbuilding Fantasy : Créez votre univers, on m’a posé cette question :

Ça peut paraitre idiot dit comme ça, mais ce qui me pose le plus de problème dans la création de mon univers, c’est la cohérence avec notre monde à nous ! Côté historique et technique.

Exemple historique : j’ai choisi un univers médiéval et j’ai une tonne de recherches à faire sur les vêtements, la royauté, l’organisation dans un château, les matériaux utilisés (une baignoire en bois ou en fonte ?)… et j’avoue que ça ne me passionne pas de passer des heures à faire ça…

Exemple « technique » : est-ce que mon univers peut avoir un désert, à côté d’une zone tempérée ? Quelles essences d’arbres dans mes forêts ? … 😉

Je me dis que ce n’est pas parce qu’on fait de la fantasy qu’on doit forcément partir dans l’impro totale.

Pour tout ce qui touche à la partie carte et géographie, j’y ai déjà répondu dans cet article : À quel point faut-il correctement placer ses climats, ses biomes, sa faune et sa flore ?

Et donc…

Le Genre de l’Imagination par excellence

Et bien, en fait, oui : parce que c’est de la Fantasy, on peut partir dans “l’impro totale” 😉

Sauf si vous écrivez de la Fantasy historique. Auquel cas, le respect de la vérité historique et de la réalité géographique est primordial. Mais si ce n’est pas le cas, vous êtes totalement libre de créer ce que vous souhaitez.

Le plus important n’est pas ce que l’on créé, mais de réussir à le rendre vraisemblable, à réussir à faire en sorte que notre lectorat y croit, à “mentir vrai” comme le disait Louis Aragon.

Si la Fantasy est l’un des genres dits de « l’Imaginaire » c’est justement parce que c’est un genre qui veut se détacher du réel et de la littérature réaliste.

Quand on écrit de la Fantasy, il faut chercher à être vraisemblable (qui paraît vrai) et plausible (que l’on peut croire).

La différence entre réalisme et vraisemblance est primordiale dans le cadre de la Fantasy (et pour tous les autres genres de l’Imaginaire) car elle permet justement de comprendre que l’on crée un autre monde et qu’il n’est pas nécessaire de recréer une “Terre-bis” juste avec un aspect différent.

Vous êtes libres de créer ce que vous voulez.

En tant qu’auteurs et autrices de fantasy, nous manipulons des choses qui n’existent pas comme la magie, et nous créons d’autres mondes. J’insiste sur autres.

Cela signifie que notre postulat de base est que nos mondes ne sont pas la Terre et que, de fait, les lois physiques qui s’y appliquent ne sont pas les mêmes que celles qui s’appliquent à notre belle planète bleue. Vous n’avez pas les mêmes mouvements tectoniques, pas les mêmes mouvements de masses d’air, pas les mêmes courants océaniques, etc. Il est donc normal de ne pas avoir les mêmes répartitions des climats ou des reliefs.

Je te conseille la lecture de mon article Réalisme vs Vraisemblance pour approfondir le sujet 🙂

La “vérité historique” en Fantasy

Même si l’on souhaite créer un cadre familier pour ne pas troubler son lectorat, il est tout de même important de se rappeler que, lorsque l’on écrit de la fantasy, l’objectif n’est pas de recréer le passé.

Notre véritable objectif, c’est de dépayser notre lectorat. D’emmener nos lecteurs et nos lectrices dans un monde différent où l’imagination n’a que les limites que l’on s’impose.

Il est crucial de comprendre que, à moins d’écrire de la fantasy historique, les détails historiques précis n’ont pas d’importance.

L’apparition de la vie, des peuples et des croyances et l’évolution de tout ça ne sont pas les mêmes que sur Terre. Donc, dans votre monde, l’Histoire, la chronologie, les découvertes technologiques, etc. ne sont pas et ne peuvent pas être les mêmes que sur Terre.

Se contenter de généralités est souvent la meilleure solution pour ne pas se perdre soi-même dans des recherches sans fin, ni perdre son lectorat dans des détails assommants qui sont, le plus souvent, sans intérêt pour l’histoire.

N’hésitez donc pas à reprendre les idées générales de ce que vous croisez dans les séries ou dans les livres. Encore une fois, on écrit de la Fantasy, on a donc une marge de manœuvre très large parce qu’on ne décrit pas notre Moyen-Âge, on décrit une période qui ressemble au Moyen-Âge.

J’avais d’ailleurs répondu aux remarques concernant les pommes de terre, les frites et les baies vitrées qu’on trouve dans mon univers pour bien rappeler que Tell’Andra n’est pas la Terre et que son histoire est différente de la nôtre : Parlons patates et baies vitrées.

En conclusion, ne vous stressez pas pour tout ça. Faites-vous confiance et faites à votre idée 😉

Et s’il y a vraiment des choses qui sont trop bizarres, vos bêtas les relèveront lors de leur lecture.

PS : Quid des baignoires ?

Au cas où vous vous poseriez la même question à propos des baignoires, sachez que je me la suis posée aussi.

À ce moment-là, je me suis souvenue que dans la série Kaamelott d’Alexandre Astier et dans la série The Witcher, quand les personnages veulent prendre des bains, ils le font dans des grandes bassines en bois qu’on appelait des cuviers.

Voilà 😉

Est-ce que c’était une question que vous vous posiez ?