Aujourd’hui, on commence avec une école sacrément compliquée pour moi à cause de la masse d’information ! J’ai nommé l’alchimie !
Avant de commencer, j’aimerais préciser que j’ai dû tronquer énormément d’informations par rapport à l’alchimie pour ne garder que l’essentiel pour cet article. L’alchimie est un sujet qui intéresse énormément et il y a tellement d’informations sur cet art que faire un tri et une synthèse correcte a été très compliqué. Bien entendu, je vous donnerai des sources pour aller plus en profondeur dans ce sujet.
Petit historique
L’alchimie occidentale est apparue à Alexandrie au début de notre ère. Les différents textes qui composaient cet art ont traversé les frontières et le temps pour s’enrichir grâce aux différentes cultures croisées (grecques, arabes et chrétiennes principalement) avant d’arriver en Europe où, au cours du XVIIIe siècle, elle est devenue la chimie.
L’alchimie chinoise, aussi appelée alchimie taoïste, serait apparue en Chine vers le IIe siècle avant notre ère et se serait plus ou moins éteinte au XIXe siècle pour fusionner avec la magie taoïste, que nous aborderons plus tard dans cette série d’articles.
À l’heure actuelle, l’alchimie existe toujours, mais sous une forme plus ésotérique.
Doctrine
S’il est vrai que, dans les études de l’histoire des sciences, l’alchimie est souvent résumée à l’ancêtre de la chimie, elle est, en réalité, plus que ça.
L’alchimie est un art philosophique qui se situe à mi-chemin entre la Science et la religion — pour simplifier. C’est pour cela qu’elle est considérée comme une pratique ésotérique, et ce, encore de nos jours.
La doctrine alchimique consiste à décortiquer la matière pour comprendre les lois divines. Et, d’une certaine façon, pour réussir à s’approprier les pouvoirs de Dieu/des divinités/de l’Univers.
Selon les croyances d’avant le XVIIIe siècle, les lois naturelles — ce que nous appelons actuellement les lois de la physique et de la chimie — ne pouvaient pas s’appliquer d’elles-mêmes, elles étaient toujours le résultat d’un dessein divin.
Le principe de base de l’alchimie est la transmutation. C’est-à-dire d’élever ce qui est imparfait au rang de la perfection. Cette transmutation concerne bien évidemment les métaux (chercher à transformer le plomb en or, métal parfait par excellence), mais aussi à l’être humain lui-même. Ainsi, par ses travaux, l’alchimiste cherche à se rapprocher de la perfection en éradiquant la maladie (grâce à l’élixir de longue vie et à la pierre philosophale) et en s’élevant de manière spirituelle puisque ses travaux doivent lui permettre de comprendre les lois divines. — Carl Gustav Jung décrit d’ailleurs l’alchimie comme une quête de son individualité, comme une quête initiatique, en somme.
Lorsqu’il travaillait les créatures les plus simples, le « philosophe par le moyen du feu » ne cherchait donc en effet qu’à répéter en petit ce que Dieu avait fait en grand
Nous dit Andrea Aromatico dans son ouvrage Alchimie, Le grand secret.
Selon les théories alchimiques, cette transmutation faisait autant appel à des lois naturelles que spirituelles.
Savoirs et savoir-faire
Pour arriver à leurs fins, les alchimistes doivent faire appel à un ensemble de savoirs et de connaissances éclectiques.
Tertullien (philosophe et théologien carthaginois du IIesiècle PCN) disait des alchimistes :
Ils mirent à nu les secrets des métaux ; ils firent connaître la vertu des plantes et la force des incantations magiques, et ils décrivirent ces doctrines singulières qui s’étendent jusqu’à la science des astres.
Ce passage résume bien, à mon sens, l’étendue des pratiques et des savoirs que demandait la pratique de l’alchimie. Ainsi, l’alchimiste a donc besoin d’avoir des connaissance en métallurgie, en cuisine, en céramique, en médecine, en botanique, en teinturerie, en parfumerie, en astrologie, etc.
Pour mener et expliquer leurs expériences, les alchimistes font appels :
- aux quatre éléments d’Empédocle : la terre, le feu, l’air et l’eau
- aux quatre qualités : sec et humide ; chaud et froid
- aux deux Principes : le soufre (masculin, chaud, sec, actif, solaire) et le mercure (féminin, froid, liquide, passif, lunaire)
Ils servent également de la théorie du microcosme et du macrocosme qui repose sur le principe qu’il existe une correspondance entre les plus petites et les plus grandes choses de l’Univers, d’une part, et l’être humain, d’autre part. Pour mettre cette théorie en place durant leurs expérimentations, ils se servent des correspondances planétaires. Chaque planète est liée à un métal, à un élément, à des qualités, à des formes de récipients…
Le laboratoire de l’alchimiste est un lieu sacré et ses outils le sont tout autant. Parmi les plus sacrés et les plus indispensables, on trouve :
- le creuset, métaphore de la matrice divine dans laquelle se passe la transmutation divine
- l’alambic indispensable à la distillation
- le four sans lequel l’alchimiste ne pourrait travailler
On retrouve aussi un soufflet, un mortier, des pinces, des tenailles, des cuillères à long manche, etc.
L’alchimie taoïste travaille sur des principes similaires avec les mêmes outils.
Quelques idées pour intégrer l’alchimie à votre univers
Comme nous l’avons vu, l’alchimie travaille sur la transmutation de la matière au travers d’opération matérielles, mais aussi spirituelles et donc magiques. Elle demande également beaucoup de connaissances dans des domaines aussi divers que variés et est principalement basée sur la recherche. C’est pourquoi, dans un univers de Fantasy, l’alchimie pourrait facilement être considérée comme une science magique.
Ces interventions magiques peuvent être de trois sortes :
- naturelles, dans le cas où vous considérez que la magie opérante est une énergie ou une force universelle (v. Qu’est-ce que la Magie ?)
- divines, si vous considérez, à l’instar des alchimistes classiques, qu’une ou plusieurs divinités régissent l’ordre du monde
- angéliques ou démoniaques, comme le supposent certaines anciennes théories, l’alchimie servirait à en appeler aux pouvoirs de certains êtres démoniaques ou angéliques (ou d’autres créatures magiques, à votre convenance)
Bien entendu, vous pouvez user d’autres sortes de magie. Vous pouvez aussi les mélanger si le cœur vous en dit.
En Fantasy, pour pratiquer l’alchimie, il faut donc des composantes matérielles (v. Les composantes de la Magie) à transmuter (métaux, végétaux, composés minéraux…) et de la Magie.
Il est important de noter que, dans le cadre de l’alchimie, l’alchimiste ne fournit pas la magie. Son Don, qui peut être inné comme acquis, consiste à orienter la magie invoquée pour mener à bien la transmutation. (v. Le Don)
La magie (en tant que force opératrice) est appelée grâce aux correspondances que nous avons vues plus tôt, mais peut aussi être appelée grâce à des incantations, des glyphes ou encore des cercles. La forme fermée de ces derniers permet de contenir la magie pour éviter qu’elle ne s’échappe. Dans ce cercle, l’alchimiste y trace glyphes et symboles des principes, éléments, qualités, planètes, divinités, etc. dont il a besoin pour réaliser la transmutation. (v. Alphabet en magie et Les créations de la Magie : les cercles magiques )
Voici un exemple de cercle qui peut être tracé pour invoqué la magie. Dans celui ci-dessous (il s’agit d’une médaille alchimique), on retrouve l’ensemble des symboles planétaires avec la Terre au centre :
Au vu de tout ça, il s’avère compliqué, voire impossible, pour l’alchimiste de pratiquer l’alchimie (et donc de lancer des sorts) en dehors de son laboratoire. Cette forme de magie demande beaucoup de logistique dont il n’est pas aisé de s’en servir à l’extérieur. D’ailleurs, plus que de lancer des sorts, l’alchimiste va surtout fabriquer des objets magiques.
Quelques idées vous inspirer :
- L’Âge de déraison de Greg Keyes dans lequel on part du postulat que l’alchimie avait raison.
- Full Metal Alchemist de Hiromu Arakawa dont les principes alchimiques sont très proches de la réalité
- La Fille de l’alchimiste de Kai Meyer
- Les Secrets de l’immortel nicolas flamel de Micheal scott
- Guild Wars 2, jeu vidéo dans lequel il est question d’alchémagie.
Pour aller plus loin
Comme promis, voici quelques sources pour aller plus loin dans vos investigations sur le sujet :
- Alchimie, Le grand secret de Andrea Aromatico qui est très complet avec une belle grosse dose de référence à la fin de l’ouvrage
- L’Origine de l’Alchimie de Marcellin Berthelot qui est très intéressant dans sa manière de raconter les origines et l’évolution de l’alchimie (également disponible en pdf sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5447840h)
- Alchimie occidentale et alchimie chinoise de Henry Soulard, article à lire sur Persée
- L’alchimie interne dans le taoïsme d’Isabelle Robinet, article à lire sur Persée
- Si vous êtes curieux ou curieuse, voici l’ensemble des articles à propos de l’alchimie disponible sur Persée : L’alchimie
- L’alchimie avec Françoise Bonardel, un podcast sur France Culture
- Les secrets de l’alchimie : de la science à l’ésotérisme, un autre podcast sur France Culture
- Quand la chimie s’appelait alchimie, un dernier podcast sur France Culture
- L’article de Wikipédia à propos de l’alchimie, vous y trouverez une liste de correspondances dont j’ai parlé dans l’article.
Voilà ! Cet article a été compliqué à écrire à cause de la masse d’informations que j’ai eue à traiter et de la diversité des angles de traitement du sujet. J’espère toutefois que l’article vous a plu et qu’il vous aura apporté quelque chose.