Les attelages : généralités (1/3)


Comme promis la semaine dernière, aujourd’hui, je vous parle des attelages. Cet article est un complément à la série à propos des chevaux.

Dans cet article, je vais vous présenter les différentes manières d’atteler les chevaux, mais aussi, à la manière des 10 choses à savoir, vous présenter quelques petites choses sympa à connaître pour plus de réalisme dans votre récit, et ce quel qu’en soit le genre 😉

Je vous parlerai également de différents attelages particuliers, mais la semaine prochaine, sinon l’article serait vraiment trop long.

L’attelage, c’est quoi ?

Prosaïquement, l’attelage c’est l’action ou la manière de harnacher un animal ou un groupe d’animaux de trait et le relier par des pièces du harnais à un véhicule ou à une machine agricole.

A l’origine, l’attelage était une pratique utilitaire qui servait à :

  • l’agriculture : les chevaux tiraient les charrues, les faucheuses, les moissonneuses, les râteaux à foin,…
  • le transport de marchandises ou de personnes
  • les chantiers comme les mines
  • le halage
  • le débardage en forêt
  • la pêche aux crevettes
  • la guerre : on pense aux chars de guerre antique, aux engins de siège ou aux canons tirés par des chevaux
  • le sport avec les courses de char

Je dis « à l’origine » parce que la plupart des utilisations de la traction hippomobile (ça fait toujours classe de sortir ça en dîner de famille 😉 ) était utilitaire et que désormais, au XXIe siècle, elle relève le plus souvent du loisir, les machines ayant supplanté la plus noble conquête de l’homme. Ainsi, il existe des rallyes, des compétitions d’attelage consistant à traverser un parcours d’obstacles le plus habillement et le plus rapidement possible (c’est très impressionnant), des courses attelées (courses de sulky), le ski-attelé, le horse surfing…

Voici, par exemple, un parcours d’obstacles parcouru par un attelage à 4 chevaux. Je vous avoue que je trouve ces disciplines très impressionnantes :

Néanmoins, certaines pratiques sont encore d’actualité : la pêche aux crevette est une activité traditionnelle belge inscrite au patrimoine immatériel et le débardage est toujours effectué grâce à de robustes chevaux de traits qui peuvent se faufiler partout entre les arbres, au contraire des quad et autres. Le halage est également toujours pratiqué sur des voies navigables étroites.

Principes de base à propos de la traction

Tout d’abord, commençons par apprendre à définir la charge que peut tracter un cheval. Tout ça dépend de plusieurs facteurs :

  • le cheval en lui-même : son état physique, son entraînement,…
  • l’équipement : une voiture de type 2 ou 4 roues, de petites ou grandes roues, le graissage des moyeux, l’état des ressorts, la qualité du harnachement, le choix d’un collier ou d’une bricole (le collier étant meilleur),…
  • le meneur : qualité des instructions données au cheval, le choix des allures,…
  • les conditions extérieures : la météo, l’état des routes, les reliefs,…
  • le repos, l’alimentation et la digestion du cheval.

Certains facteurs mécaniques permettent de faciliter (ou pas) la qualité de la traction :

  • des roues de grande taille
  • un diminution du chargement
  • la largeur des jantes (plus elles sont larges, mieux c’est)
  • la qualité de la suspension

Ensuite, rappelons quelques principes :

  • Si l’on demande à un cheval de tirer une charge lourde à grande vitesse, l’effort sera de courte durée.
  • Si on diminue la charge, la vitesse peut augmenter.
  • Si on diminue la vitesse, la durée de l’effort peut augmenter.
  • … et inversement.

Le vieil adage Qui veut aller loin ménage sa monture ne pourrait pas trouver meilleur exemple qu’ici ! 😉

Il est intéressant de noter que deux chevaux de 500 kg tirent une charge plus lourde qu’un seul cheval de 1000 kg, puisque ce n’est pas le poids des chevaux qui comptent, mais les périmètres thoraciques (v. formules ci-dessous).

Rappelons également que les efforts à fournir sont les intenses au moment du démarrage. Il est donc important, pour ne pas fatiguer le cheval outre mesure, de ne pas faire d’arrêts trop fréquents.

Pour les plus matheux et matheuses d’entre nous, voici quelques formules développées par messieurs Morin et Baron pour calculer la puissance d’un cheval en tenant compte du périmètre thoracique (C en m) et de la hauteur du cheval (en m) :

  • Force maximale au pas en kg = 30 C² / H
  • Force maximale au trot en kg = 15 C² / H
  • Force maximale au galop en kg = 7 C² / H

Bien entendu, cette force est décroissante avec le temps. Ces formules considèrent un cheval en bonne santé avec un entraînement correct, ainsi qu’une traction sur terrain plat.

Concernant les temps de tractions, je vous conseille d’aller jeter un œil à l’Instruction sur les routes, sur les chemins en fer, sur les canaux et les rivières ; suivie de notes sur les transports et sur les principaux canaux d’Europe, à l’usage de l’école d’application du corps royal d’État-Major de Antoine-Marie Augoyat. (Clamez-vous et reprenez votre respiration tranquillement, rien ne presse).
Rassurez-vous, l’extrait est beaucoup moins pénible à lire que le titre et est très instructif. L’auteur y parle de temps de trajet en diligence et du temps perdu par rapport à la mauvaise qualité des routes. C’est très instructif : Notes sur les transports : Des transports sur les routes ordinaires.
Il y a également une partie sur les voyages à pied et en bateau. Si ces sujets vous intéressent, je vous en recommande vivement la lecture.

Le harnachement d’attelage

Pearson Scott Foresman, Public domain, via Wikimedia Commons
  • Bit = le mors (et la bride en général) : ce qui sert principalement à diriger le cheval et à déterminer son allure.
  • Collar = le collier : pièce pouvant être composée de bois, cuir et métal permettant la traction de charges lourdes en répartissant au mieux les forces sur le poitrail de l’animal.
  • Girth = la sellette : permet de maintenir l’avaloire en toute circonstance par le biais de sa liaison avec la croupière. Elle est maintenue sur le dos de l’équidé par la sous-ventrière. Dans le cas d’un attelage en brancards, la sellette permet de maintenir en bonne position les brancards par le biais des bracelets.
  • Traces or tug = les traits : courroies ou cordages reliant le collier ou la bricole à l’appareil tracté. Chaque collier ou bricole nécessite l’utilisation de deux traits, c’est pourquoi le mot est le plus souvent employé au pluriel.
  • Rein = les guides (en traction hippomobile, on ne parle pas de rênes) : Seul lien direct entre le meneur et le ou les équidés, ce sont de longues courroies de cuir terminées par des boucles métalliques. Elles sont reliées aux branches du mors de bride.

Les barres en bois ou en métal de l’attelage que l’on place de chaque côté du cheval s’appellent les brancards.

Les différentes configuration d’attelage

Vous le savez sûrement, mais il existe différentes manières d’atteler un ou plusieurs chevaux à un même attelage.

Attelage solo

Original téléversé par Beideler René sur Wikipédia français., CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

On parle d’attelage solo lorsque l’attelage est composé d’un cheval unique entre les brancards.

Attelage en paire

Original téléversé par Beideler René sur Wikipédia français., CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Les deux chevaux sont côte à côte, c’est-à-dire de chaque côté du timon (barre de bois ou de métal, solidaire du train avant qui assure la rotation de la voiture).

Attelage en tandem

Beideler René at fr.wikipedia, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Les deux chevaux sont l’un derrière l’autre sur la même file.

Attelage en team

Chevalandrieu, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Quatre chevaux avec deux lignes de paire. Les chevaux de devant sont appelés chevaux de volée et ceux de derrière timoniers.

Attelage par triple paire ou quadruple paire

Lubomír Havrda, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

Il s’agit d’un attelage en team avec deux ou quatre chevaux de plus. Ce type d’attelage est très peu répandu.

Attelage à l’évêque

Chevalandrieu, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Cet attelage se présente avec trois chevaux de front.

Attelage à la troïka ou attelage russe

Лена, Public domain, via Wikimedia Commons

Trois chevaux côte à côte, dont deux galopeurs à l’extérieur, celui du milieu étant un grand trotteur.

Attelage à la daumont

Nadine TOUDIC, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Il s’agit d’un attelage en double paire, les chevaux de gauche étant montés par un postillon (un homme qui mène en le montant un des chevaux d’un attelage et pas une gouttelette de salive). À la demi daumont, il n’y a qu’une paire de chevaux avec un postillon sur le timonier gauche. Dans les deux cas, il n’y a pas de meneur dans la voiture. C’est l’attelage habituel de la Reine du Royaume-Uni mais avec 3 paires.

J’espère qu’une fois de plus cet article vous a plu ! Dans la seconde partie, je vous présenterai différents véhicule d’attelage. Si certains vous intéressent en particulier, n’hésitez pas à me le dire ! 😉

Découvrez d’autres articles à propos des chevaux et des attelages


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.