Les attelages de transport de personnes (2/3)


Aujourd’hui, on continue de parler d’attelage ! La semaine dernière, je vous ai présenté les généralités de la traction hippomobile, cette fois-ci je vais vous parler de véhicules hippomobiles.

En revanche, devant l’ampleur du sujet à traiter, j’ai préféré scinder le sujet en trois parties au lieu de deux, comme c’était initialement prévu. Dans cet article-ci, nous parlerons donc des véhicules servant au transport de personnes dans le cadre privé. La semaine prochaine, je vous présenterai différents attelages destinés au transport de marchandises et aux transports en commun.

La Calèche

Jean Gagnon, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

La calèche est une voiture élégante, découverte, munie d’une capote repliable, à quatre roues, et à quatre places en vis-à-vis. Sa caisse, de forme « bateau », est montée sur ressorts de type « pincettes ». Le siège du cocher est en bois ou en fer.

C’est une voiture qui servait essentiellement à la promenade, pendant la belle saison. Au XIXe siècle, en particulier à Paris, la mode voulait que la calèche fût attelée « à la daumont » (voir l’article de la semaine dernière : Les attelages : généralités).

Il est amusant de noter que le terme anglais barouche (pour calèche) vient du mot français barouche qui désigne une calèche à la française, c’est-à-dire une calèche à 8 ressorts au lieu de 4.

Le Carrosse

Berteun, Public domain, via Wikimedia Commons

Le carrosse est un véhicule hippomobile à quatre roues. Apparu au XVIIe siècle, il s’agit d’un véhicule issu du coche, en général assez lourd, couvert, muni de suspensions et d’une direction par cheville ouvrière. Les deux essieux sont réunis par une poutre centrale.

Dans l’inconscient collectif, le carrosse est le symbole de la richesse et de la noblesse.

Le Char

Wikimedia Commons

Le char est un véhicule attelé à un ou plusieurs animaux et roulant sur des roues, celles-ci assemblées par paire via un essieu, chaque paire solidaire formant un train roulant.

L’invention antique du char de guerre constitue un tournant considérable dans l’histoire militaire. Les escadrilles de chars permettaient des offensives foudroyantes, sur la plupart des terrains secs ou humides, sableux, pierreux, terreux, même en milieu lacustre humide. Le bruit et parfois la poussière soulevée en faisaient une arme psychologique. L’attaque rapide en virage serré permettait par exemple à l’archer, placé à côté du conducteur, de décocher ses traits sur l’ennemi et de s’éloigner le plus vite possible du groupe d’armée en marche. Toutefois, l’infanterie antique a trouvé des parades plus ou moins sophistiquées aux attaques massives, en creusant des pièges ou des mines (trous), en érigeant des dispositifs de pieux ou des palissades protectrices, eux-mêmes portés par des chars de transport. Les enchaînements, voire les amas en vrac, de lourds chars de transports ont toujours constitués des barrières défensives redoutables jusqu’à l’époque moderne.

En général, les chars de guerre n’étaient attelé qu’à un seul cheval, rarement deux. En revanche, il était fréquent de voir des biges (chars tirés par deux chevaux de front) ou des quadriges (chars tirés par quatre chevaux de front) rivaliser de rapidité et d’adresse lors de courses. Le quadrige était néanmoins plus souvent utilisés comme char d’apparat.

Le Cabriolet

Pearson Scott Foresman, Public domain, via Wikimedia Commons

Le cabriolet est une voiture attelée légère, à deux roues, à 2 ou 3 places, tirée par un seul cheval, à suspension et qui comportait souvent une capote amovible. Son nom vient du verbe « cabrioler », qui évoque sa légèreté mais aussi son instabilité.

Une des particularités du cabriolet est que la conduite est assurée par l’un des passagers. Dans certains cas, un groom ou valet pouvait se tenir debout à l’arrière, pour diriger le cabriolet sans déranger les passagers. Le cabriolet permettait de circuler sur tous les types de chemins, comme dans les rues encombrées des villes.

Il existe plusieurs variantes et évolutions du cabriolet telles que le tilbury, créé vers 1800 par le londonien James Tilbury qui arrondit la caisse et améliora les suspension, ou le bouquet, une voiture hippomobile légère, ouverte, à deux roues et deux places, inventée vers 1777 par le carrossier Boquet.

La Berline

Unknown authorUnknown author, Public domain, via Wikimedia Commons

La berline est un véhicule hippomobile suspendu, fermé, à quatre places. Apparue à la fin du XVIIe siècle, elle représente une grande évolution, par rapport à l’ancien carrosse, en matière de légèreté, de maniabilité et de confort. La berline tire son nom de la ville de Berlin, où elle a été fabriquée pour l’électeur de Brandebourg, Frédéric Guillaume Ier.

La berline dérive du carrosse traditionnel, dont elle conserve l’aspect extérieur. La différence essentielle réside dans le fait que les essieux avant et arrière sont réunis par deux brancards et non une seule poutre centrale, comme pour le carrosse. Il en résulte une plus grande sécurité : en cas de rupture d’une roue ou d’une suspente, la caisse ne se renverse pas. La berline est plus légère et plus confortable, grâce à une suspension, à l’origine, en soupentes de cuir, et plus tard en ressorts métalliques.

On l’utilisait comme voiture de ville pour sa maniabilité et comme voiture de voyage pour sa robustesse et son confort. Jusqu’au XIXe siècle, la berline est la voiture de cour et de cérémonie la plus utilisée. La plupart des « carrosses » d’apparat des souverains, souvent encore utilisés lors de cérémonies, sont en fait des berlines. Des styles nationaux apparaissent progressivement : la berline à l’anglaise a des lignes strictes, la berline à la française a une forme cintrée, évasée vers le haut, elle est plus haute que l’anglaise, la berline à l’allemande possède quatre portières et trois banquettes parallèles, offrant donc six places…

Comme pour le cabriolet, il existe plusieurs variantes tels le brougham, une sorte de berline mono- ou biplace, le vis-à-vis, un coupé dont les sièges font face pour rendre la discussion plus aisée, ou encore la clarence, sorte de brougham dont l’avant est entièrement vitré.

Pour la petite histoire : quand j’étais petite, j’ai regardé un film anglais dans lequel un lord demandait à son majordome de “préparer la clarence”. Ne connaissant pas les différentes variantes de la berline, je pensais qu’il parlait de sa femme !

Le Drojki

Nikolai Sverchkov (1817-1898), Public domain, via Wikimedia Commons

Le drojki est une voiture hippomobile constituée d’une simple poutre réunissant deux essieux, ou d’une sorte de banc rembourré, reposant sur quatre roues, sur laquelle les passagers s’asseyaient soit de côté, soit à califourchon. La poutre pouvait être munie de selles. Le drojki était utilisé autrefois dans les campagnes en Russie et en Pologne.

PRA, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Le wurst (« saucisse » en allemand) est une voiture hippomobile inventée en Allemagne. C’est un dérivé du drojki. Elle était principalement utilisée par des hommes pour se rendre à des rendez-vous de chasse.

Elle consiste en une longue poutre entre deux essieux, suspendue sur des courroies-soupentes, sur laquelle on s’assoit à califourchon, les uns derrière les autres. Parfois elle peut être munie de selles pour améliorer le confort. Deux marchepieds de part et d’autre permettent de poser les pieds. Il y a un siège à l’avant pour le cocher. À l’arrière, on pouvait parfois avoir une caisse de cabriolet, munie d’une capote, qui pouvait recevoir deux dames, assises de part et d’autre de la poutre centrale. Cette voiture disparut avec l’Ancien Régime.

La Troïka

Aleksander Orłowski, Public domain, via Wikimedia Commons

La troïka, mot formé sur le nombre trois en russe (littéralement troïka lochadiey : « le trio de chevaux »), est soit une voiture hippomobile, soit un traîneau sur patins, dont l’attelage nécessite trois chevaux.

C’est le seul attelage connu dont les chevaux, lorsqu’ils sont lancés, ont différentes allures : Le korennik, ou « limonier » en français, est le cheval central qui avance au trot, tandis que les chevaux de côté, ou « bricoliers », vont au galop. Ainsi l’attelage peut atteindre 45 à 50 km/h, ce qui était un avantage autrefois pour les grandes distances de Russie. D’autre part les chevaux se fatiguaient moins vite, car le korennik, plus fort, donnait le rythme de l’allure. En hiver, la voiture (ou caisse) était portée sur patins, ce qui augmentait la vitesse sur la neige. Un arc en bois, souvent décoré, où sont suspendus des grelots qui font office d’avertisseur sonore, le (ou la) douga, est attaché aux deux brancards et passe au dessus de la tête du limonier.

La troïka est apparue vers le XVIIe siècle en Russie et servait de moyen de locomotion entre les relais de poste. Lorsqu’elle était couverte, on lui donnait alors le nom de kibitka. Autrefois, il fallait être au moins trois passagers pour utiliser trois chevaux, un seul ou deux passagers n’avaient le droit qu’à une paire de chevaux.

À l’époque de la Russie impériale, la noblesse et la bourgeoisie fortunée aimaient que leur troïka soit menée en plus du cocher par un postillon en livrée. Le peuple louait aussi des troïkas décorées pour les grandes fêtes religieuses et les mariages. La troïka faisait partie du paysage russe, aussi bien en ville qu’à la campagne. Elle devint très vite le moyen de locomotion principal des paysans. Les chevaux en général ne payaient pas de mine, mais ils étaient endurants, comme le viatka qui ne fait pas plus d’1,45 m au garrot. Les gens fortunés, eux, préféraient les trotteurs orloff d’un gris pommelé élégant.

Le Tarantass

George Kennan (February 16, 1845 – 1924), Public domain, via Wikimedia Commons

Le tarantass est une voiture hippomobile qui était utilisée en Russie.

C’est une voiture ouverte, comportant une banquette à deux ou trois places protégée par une capote, un siège pour le cocher, quatre roues à très grand écartement, tirée par trois chevaux attelés en troïka. Les deux essieux sont reliés par deux longues flèches relativement souples, de 3 à 4,5 m de long, qui assurent un rôle minimum de suspension. Une sorte de tablier en cuir peut fermer l’avant de la caisse pour protéger les voyageurs des intempéries. Par temps de neige, les roues peuvent être déposées et la caisse est alors placée sur un traîneau.

Le Gig

own work, Public domain, via Wikimedia Commons

Le gig est un attelage hippomobile généralement à deux roues, tiré par un seul cheval, construit avec le siège du conducteur plus haut que le niveau des essieux. Il tire son nom de gig, rythme musical, danse, dû à son instabilité : c’est exactement la même signification, et le même type de voiture, que le cabriolet.

Il existe plusieurs variantes du gig telles que le stick gig (léger, deux roues, pour une personne), le whisky (petit corps qui ressemble à une chaise suspendue à des bracelets en cuir attachés aux ressorts) ou encore le calesín (petit, à un cheval, couvert, un siège derrière pour le conducteur, utilisé aux Philippines).

Le Phaéton

Pink House Museum, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Le phaéton est une voiture hippomobile, à caisse ouverte haut perchée, à quatre roues.

Le phaéton est apparu au XVIIe siècle et a beaucoup évolué au cours des siècles suivants. Il possède deux banquettes parallèles aux essieux, dont seule celle du conducteur, à l’avant, confortable, a une capote. Le siège arrière est réservé à un ou deux domestiques. Léger, attelé au moins de deux chevaux, haut sur roues (d’où le nom de high-flyer sous lequel on le connaît également en Angleterre), le phaéton était considéré comme un véhicule rapide, plutôt aristocratique, mais dangereux du fait de sa vitesse et de sa hauteur sur roues, qui le faisaient souvent verser. Le phaéton, toujours mené par son propriétaire, était destiné aux sorties en ville ou à la campagne.

Le nom du phaéton vient du personnage mythologique Phaéton, cocher du char du soleil.

Le Sulky

Rundvald, Public domain, via Wikimedia Commons

Le sulky est une voiture hippomobile d’origine américaine, à deux roues, avec un seul siège. Le sulky est léger, solide, conçu pour les trajets rapides et surtout les courses de trotteurs.

J’espère que cet article vous a plu ! Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite ! 😉

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