Les Chevaux : Introduction (1/3)


Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un sujet qui fâche : les chevaux. Je crois que tous les fada de dadas doivent comprendre à quoi je fais allusion.

En fantasy médiévale, le cheval a souvent une place importante. Il est vrai qu’on trouve peu de chevaux comme étant des personnages à part entière de l’histoire, mais il n’empêche que le cheval reste le principal moyen de transport dans les univers medfan. Et, tout comme les armes, je trouve que ce point manque souvent d’originalité et ça me désole profondément. De plus, j’aborde des qualificatifs équestres particuliers dans mon roman et je me suis aperçue qu’il était peu courant de parler de palomino, de gris pommelé et de troussequin. Je me suis donc dit qu’un article sur le sujet n’était sûrement pas une mauvaise idée.
(En plus de m’indigner, je vous explique plus bas pourquoi.)

Le cheval au Moyen-Âge

Je voudrais commencer par aborder un point essentiel : la place du cheval au Moyen-Âge.

A défaut de ce que l’on pourrait penser, les équidés ne sont pas que de simples bêtes de somme, ils sont d’abord et avant tout un symbole de richesse et de pouvoir. Il est intéressant de noter qu’avant le XIIIe siècle, seuls les aristocrates possédaient des chevaux, le reste de la population se contentant d’ânes et de bœufs.

Au Moyen-Âge, il n’y avait pas de races de chevaux à proprement parler mais une forme de classification qui dépendait du rôle de l’animal. Voici les principaux classés par ordre de noblesse, du plus noble, au moins noble :

  • Le destrier : Il est le cheval de guerre et de tournoi associé au rang des chevaliers — le mot “chevalier” vient lui-même du mot “cheval”. Ce cheval est entraîné à porter son cavalier en armure et ses équipements en situation de conflit, rompu à la charge au galop lors de jeux militaires. Le destrier n’est pas nécessairement grand, mais il présente une puissante musculature et un caractère vif.
  • Le palefroi et la haquenée : Le palefroi est une monture dont le prix équivaut à celui d’un destrier mais, à l’inverse de ce dernier, le palefroi est un cheval dédié à l’équitation et aux déplacements. La haquenée est un cheval ou plus fréquemment une jument d’allure douce que montaient fréquemment les dames.
  • Le coursier : Il s’agit d’un cheval de guerre rapide et fort. Ce cheval est apprécié pour sa capacité à se déplacer à de grandes vitesses au galop. Le coursier était une monture plus commune que le destrier et son utilisation était plus courante en bataille puisque ces chevaux sont à la fois légers, rapides et puissants. Il s’agissait de chevaux de valeur, mais moins cher à l’achat que les fameux destriers.
  • L’affrus : Il s’agit d’un cheval de trait dont le rôle consistait surtout à tracter de lourdes charges comme des attelages, à labourer la terre, à haler les bateaux, à débarder en forêt (ce qui se fait encore actuellement) ou à pêcher la crevette (surtout sur la côte belge).
  • Le cheval de bât : Il s’agit d’un cheval de somme qui peut être un cheval de trait, dépendant des travaux auxquels on le dédie.
  • Le roncin : Il s’agit d’un cheval sans valeur et qui sert à tout faire. Il est également le cheval le plus commun au Moyen-Âge. Il était utilisé comme monture d’instruction et par les chevaliers les moins fortunés, qui n’avaient pas les moyens de s’offrir un destrier. Courageux et travailleur, le roncin était utilisé pour toutes tâches. En temps de guerre, le roncin était le cheval à tout faire : autant cheval de bât que destrier.

Petit cours d’anatomie, vite fait bien fait

Ce qui me hérisse le plus le poil, c’est de lire des choses comme « les pattes du cheval » ou encore « la gueule du cheval »… Pitié, non !

Tout d’abord, il faut savoir que, dans le lot des animaux domestiqués par l’homme, si le chien est le plus fidèle, le cheval est le plus noble. Pour respecter cette appellation de plus noble conquête de l’homme, il a donc été décider de nommer les parties de son corps en fonction des humains. Dès lors, un cheval a :

  • des jambes et non des pattes,
  • une bouche et non une gueule,
  • un nez et non un museau,
  • des pieds,
  • des genoux,
  • etc.

Voilà, c’est dit ! Pfiouuuuuu…

Ce ce qui concerne des détails un peu plus précis d’anatomie, je renvoie les curieux à l’image ci-dessous :

File:Dessin cheval grand.jpg, Public domain, via Wikimedia Commons

Par ailleurs, il est intéressant de rappeler que les chevaux sont classés en 3 groupes :

Les chevaux lourds

Les chevaux lourds, ou chevaux de trait, sont à la fois massifs et puissants. Le corps est compact et le dos large. Le garrot, souvent arrondi, peut être plus haut que la croupe chez certaines races, ce qui a pour effet d’augmenter la puissance de traction. La musculature est particulièrement développée au niveau des reins et des cuisses. Les épaules sont assez rectilignes pour s’accommoder d’un collier. Les membres sont courts et épais. Ils mesurent entre 1,6 et 1,8m au garrot. Leurs pieds sont souvent recouverts de longs crins qu’on appellent franges.

Les chevaux légers

Les chevaux légers, ou chevaux de selle, ont un physique qui leur permet d’être montés plus aisément que celui des poneys ou des chevaux de traits. La forme du dos est telle qu’une selle s’y adapte facilement. Les chevaux légers mesurent entre 1,50m et 1,72m. Ils ont un corps longiligne et une arrière-main puissante qui leur permettent d’atteindre une grande vitesse. Leur conformation (= morphologie) leur garantit une grande aisance au saut et une certaine souplesse.

Les poneys

Les poneys se distinguent par leur taille et leur caractère (ils sont en général plus teigneux). Ils ont un physique compact et trapu et mesurent jusqu’à 1,50m au garrot (1,48m selon certaines normes). Le comportement des poneys est souvent plus affirmés et plus sûr que celui des chevaux tout simplement parce que les poneys sont originaires de régions parfois inhospitalières comme des montagnes ou des déserts. L’ossature des poneys est également plus robuste que celle d’un cheval léger.

Les robes

Alors, non, je ne vais pas parler froufrous à accrocher à nos palefrois, mais bien des couleurs que peuvent arborer nos montures 😉

Je ne vous parlerai que des principales en vous épargnant toutes les nuances qu’elles peuvent prendre. Je vous en parle parce que j’en ai marre que les chevaux soient tous “bruns” ou ne sont juste pas définis, ce ne sont “que des chevaux”.

Si vous souhaitez une définition beaucoup plus précise des robes, je vous invite à consulter le site des Haras nationaux : www.haras-nationaux.fr.

Alezan, alezane

La robe alezane est caractérisée par des poils et des crins de la même couleur allant d’une teinte cannelle à une teint brun foncé, en passant par le fauve.

L’alezan peut être clair, ordinaire (couleur cannelle), doré, cuivré, foncé (brun), brûlé (couleur “café torréfié”) ou cerise. Il arrive qu’un cheval présent des crins blonds, presque blancs, dans ce cas, on parle d’un alezan à crins lavés.

Bai, baie

La robe baie est caractérisée par des crins et les bas des jambes noirs et des poils d’une nuance de brun. Il s’agit de l’une des robes les plus courantes. Elle s’étend sur tous les tons de brun : bai clair, ordinaire, fauve, brun, cerise, acajou, cuivré, brun foncé.

Gris, grise

La robe grise présente des crins et des poils noirs (ou bruns) et blancs mélangés. Il s’agit d’une robe très commune qui va du gris clair, presque blanc, au gris très foncé en passant par le gris ardoise, bleu, souris, fer, sale (avec des reflets jaunâtres).

Il est intéressant de noter qu’il n’existe pas de chevaux blancs à proprement parlés ou très peu à travers le monde. La plupart des chevaux qualifiés de “blancs”, sont en réalité des chevaux gris dont le poils s’est fortement éclairci avec l’âge. Les vrais chevaux blancs naissent blancs, les gris naissent bruns. Le nombres de poils blancs augmente avec l’âge. D’ailleurs, les chevaux blancs ne sont pas albinos pour autant.

Gris pommelé

La robe gris pommelé est une robe grise parsemée de taches noires et blanches.

Isabelle

La robe isabelle est une robe rare aux poils jaunes ou dorés et aux crins noirs. Elle peut se décliner en nuances claire, ordinaire ou foncée.

(Pour celles et ceux qui se rappellent du dessin animé Spirit, l’étalon des plaines [avec la magnifique BO de Hans Zimmer et Bryan Adams], Spirit est isabelle.)

Noir, noire

La robe noire n’est composée que de poils et de crins noirs. Quand c’est le cas, on dit du cheval qu’il est noir franc. Si la robe comporte des taches rougeâtres ou grisâtres, il est dit mal teint.

Palomino

La robe palomino est une robe avec des poils dorés et des crins lavés (blancs ou presque). Elle peut être claire, cuivrée, dorée ou charbonnée.

Pie

La robe pie est une robe particulière car elle est considérée comme étant la superposition de grandes taches blanches sur une autre robe. La dénomination de ces robes ce fait en précisant la couleur dominante, par exemple, le cheval en photo est bai-pie car sa robe dominante est le bai. Si ç’avait été l’inverse, on aurait dit pie-bai.

Rouan, rouane

La robe rouane est une robe qui mélange 3 couleurs de poils : des poils rouges, blancs et noirs.

Tacheté, tachetée

Les robes tachetées sont des robes souvent caractérisées par de petites taches rondes de couleur claire ou foncée. Il existe plusieurs types de robes tachetées :

Léopard : La robe apparaît entièrement recouverte de petites taches de couleur sur un fond blanc, comme le pelage de certains félins ou du chien dalmatien. Quand les taches colorées sont de très petite taille, cette robe est dite few spots en anglais.

Capé : L’avant-main est souvent unie, l’arrière-main est blanche. De petites ou grosses taches de couleur peuvent y apparaître (spotted blanket). Les bords sont nets.

Marbré : Cette robe est souvent confondue avec le pie et le rouan. Elle se présente comme parsemée de poils blancs, sauf sur les zones osseuses comme la tête, le garrot, les épaules et les hanches.

Givré : La robe présente des taches blanches sur les reins ou les hanches avec des poils blancs, plus ou moins nombreux, sur la ligne du dos.

Le cas particulier des albinos

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les chevaux albinos ne sont pas blancs aux yeux rouges, mais bien crème aux yeux bleus.

Les marques

Les marques sont, chez les chevaux, les taches blanches de la face, des naseaux et des membres qui permettent d’identifier un cheval et sont notées avec précision par les éleveurs. En plus des marques naturelles, des taches blanches et autres peuvent se rencontrer sur le ventre et les flancs ; les marques couleurs chair sont appelées ladres. Les cicatrices caractérisées par une décoloration des poils et les marques de fer font également partie des marques d’identification.

Les marques de tête

Voici quelques exemples :

Première ligne, de gauche à droite :

  • Fortement en tête prolongé par liste
  • Faiblement en tête prolongé par fine liste
  • En tête prolongé par liste, boit dans son blanc et ladre
  • En tête irrégulier et mélangé prolongé par liste irrégulière déviée à gauche et boit dans son blanc
  • Liste interrompue
  • Belle-face

Seconde ligne, de gauche à droite :

  • Petite pelote en tête
  • Pelote en tête
  • En tête en losange prolongée par fine liste
  • En tête irrégulier à droite
  • Grisonné
  • Boit dans son blanc

Ci-contre, un exemple de ladre (la tache rose).

Les balzanes

Les balzanes sont les marques des membres.

Première ligne, de gauche à droite :

  • balzane chaussée
  • grande balzane
  • balzane

Seconde ligne, de gauche à droite :

  • petite balzane
  • principe de balzane
  • trace de balzane

Il existe un dicton qui dit :

Balzane une, cheval de fortune
Balzane deux, cheval de gueux
Balzane trois, cheval de roi
Balzane quatre, cheval à abattre.

Ce dicton vient d’une croyance selon laquelle les sabots de corne blanche, prolongeant fréquemment des balzanes, sont plus fragiles que ceux de corne noire. Cependant, cette croyance est erronée : il n’existe pas de différence de qualité entre les deux couleurs de corne.

La raie de mulet

La raie de mulet consiste en une bande dorsale foncée partant de la queue. Elle est souvent accompagnée d’une bande traversant le garrot appelée la croix de Saint-André. Cette marque est presque toujours associée à la robe isabelle, de diverses nuances, et il y a parfois des zébrures aux membres.

Une jument Campolina présentant des marques primitives : une croix de Saint André et des zébrures.

Les marques de fer et d’azote

Certains chevaux ont été intentionnellement marqués au fer rouge ou à l’azote. Les hommes les marquent généralement sur la cuisse ou sur l’encolure.

Les marques au fer rouge sont généralement utilisées pour identifier l’appartenance à une race, l’inscription à un stud-book, ou un élevage particulier. Le poil ne repousse plus. Certains pays, comme la Belgique et la Hollande ont interdit le marquage au fer rouge (respectivement en janvier 2002 et septembre 2001). Le marque au fer rouge est traditionnellement utilisé chez certaines races, comme chez le camarguais, le selle français ou le lipizzan.

Les marques à l’azote consistent le plus souvent en un numéro permettant d’identifier un cheval, pour prévenir les risques de vol de l’équidé. Le marquage s’effectue sous sédatif par un vétérinaire. Le poil repousse alors blanc.

Voilà ! C’est fini, vous pouvez sortir les aspirines ! En tout cas, moi, je m’en prends une !

La semaine prochaine, on recommence et on parlera du harnachement ! On y verra notamment ce qu’est un troussequin 😉

En attendant, j’espère que cet article vous aura plu et qu’il vous sera utile pour parler en terme plus précis et plus corrects des montures de vos personnages ! 😉

Découvrez d’autres articles à propos des chevaux et des attelages


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.