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Je suis ravie de vous retrouver pour notre troisième session de frisson ! Aujourd’hui, laissez-vous porter par les brumes mystérieuses du pays de Galles, où une légende fascinante prend vie : celle d’une créature terrifiante qui hante les nuits étoilées, le Gwyllgi.
L’étymologie du nom Gwyllgi se compose des mots gallois gwyllt, signifiant « sauvage », et gwyll, évoquant le « crépuscule », suivis de ci, se traduisant par « chien ». Ce mythe, loin d’être rare ou unique, s’inscrit dans le riche folklore britannique, regorgeant d’histoires évoquant d’énormes chiens de la taille d’un bœuf, aux yeux ardents, qui effrayaient quiconque osait croiser leur chemin.
Au pays de Galles, le Gwyllgi est connu pour hanter des lieux isolés, tels que des champs ou des routes de campagne désertes. Il ne s’agit pas d’une créature démoniaque en quête d’un pauvre humain à dévorer, ni d’un esprit vengeur dont les griffes acérées s’abattent sur des victimes en punition d’actes répréhensibles. Au contraire, la plupart des récits relatent des rencontres entre la bête et des personnes tout à fait respectables. Se retrouver face au Gwyllgi s’avère souvent être un simple coup de malchance.
Cette créature nocturne est fréquemment perçue comme un présage de mort. De grande taille, elle ressemble à un gros chien domestique, les comparaisons oscillant entre les races du mastiff et du dogue. Cependant, plusieurs caractéristiques permettent de distinguer ce chien des compagnons canins de la vie quotidienne : une fourrure noire épaisse, des yeux rougeoyants et brillants, des dents acérées et de grandes griffes. Son apparence évoque un sentiment de froid, de découragement et de désespoir, ce qui explique la variabilité des descriptions qui lui sont attribuées. Il semble également que son nom soit dérivé du mot anglais Gallytrot, désignant un étrange chien à l’apparence démoniaque.
Dans l’obscurité, la bête traque sa proie avec une furtivité surnaturelle, se rapprochant lentement pour se dévoiler peu à peu. Le premier signe de sa présence mentionné dans presque tous les récits est la lueur de ses yeux, brillants comme deux boules de feu ou de sang, perçant l’obscurité pour attirer le regard des malheureux témoins. À l’instant où l’on se retourne pour l’observer, la peur et l’angoisse se transforment en une paralysie totale. C’est alors que le corps massif du Gwyllgi se révèle, et que ses grandes mâchoires, prêtes à frapper, font de vous une proie facile.
Dans la tradition orale galloise, le Gwyllgi est une apparition terrifiante, avec une haleine putride et un souffle maléfique. Le croiser au détour d’une ruelle sombre ne présage rien de bon. Plusieurs lieux au Pays de Galles sont associés à des apparitions de Gwyllgi, comme le chemin reliant Mousiad à Lisworney-Crossways ou encore la fosse de Pant-y-Madog, près de Laugharne, dans le Carmarthenshire.
La première mention écrite du Gwyllgi remonte à un ouvrage intitulé The Vale Of Glamorgan: Scenes And Tales Among The Welsh, publié en 1839 par Charles Redwood. Il est intéressant de noter que les récits mentionnant ces grands félins errant dans les régions sauvages d’Angleterre et du pays de Galles demeurent populaires aujourd’hui. Des photographies vagues et des témoignages continuent de faire la une des journaux. Parmi ces multiples rapports, on retrouve celui concernant, je cite, « un chat plus gros que d’habitude » traversant l’A5 à Chirk, observé par de nombreuses personnes en juin 2018.
Les légendes entourant le Gwyllgi sont principalement orales, bien qu’on en trouve quelques-unes par écrit. Toutefois, ces récits sont souvent peu développés et le nom du Gwyllgi n’y apparaît pas nécessairement. Fort heureusement, j’ai découvert l’un d’entre eux grâce au folkloriste W. Jenkyn Thomas. Son ouvrage The Welsh Fairy Book, publié en 1907, compile des contes de fées et des mythes gallois, visant à transmettre la richesse du folklore gallois aux lecteurs anglophones. Parmi plus de quatre-vingts contes de ce corpus, le nom du Gwyllgi n’est mentionné qu’une seule fois, dans la légende intitulée Nansi Llywd and the Dog of Darkness.
Si vous êtes intéressé par la lecture de cette légende, ou d’autres mythes gallois, vous pouvez trouver l’ouvrage complet juste ici !
Dans la mythologie galloise, le Gwyllgi peut être lié à d’autres créatures spectrales, notamment les Cŵn Annwfn, signifiant « chiens de l’autre monde », également appelés Cŵn Cyrff ou Cŵn Wybyr, se traduisant par « chien cadavre ». Les Cŵn Annwfn sont souvent décrits comme des chiens blancs éclatants, dotés de pouvoirs mystiques associés à l’au-delà dans la mythologie celtique galloise, connu sous le nom d’Annwn. On retrouve notamment ce groupe de chiens dans la chasse sauvage (ou chasse fantastique). Un thème légendaire présent dans de nombreuses mythologies européennes. Il met en scène une meute de chiens surnaturels, souvent dirigée par une divinité ou un esprit, qui traverse les cieux et la terre à la poursuite d’âmes humaines ou d’autres proies. Leur passage sème la terreur et est parfois perçu comme un présage de mort ou de catastrophes à venir. Dans le cas des Cŵn Annwfn, ces derniers sont dirigés par Arawn, roi d’Annwn.
Ces chiens sont fréquemment associés à la mort en raison de leurs oreilles rouges, les Celtes considérant la couleur rouge comme un symbole de mortalité. Le blanc, quant à lui, est généralement lié au surnaturel, les animaux blancs étant souvent perçus comme possédés par des dieux ou d’autres entités de l’au-delà. Ainsi, ces chiens de l’autre monde se positionnent à l’intersection de la mort et du surnaturel, renforçant l’aura mystique qui les entoure. Bien que la description physique des chiens d’Annwn soit bien différente de celle du Gwyllgi, ce que ces canidés émanent et représentent peut les rapprocher. Comme j’ai pu le mentionner, le mythe du Gwyllgi, comme beaucoup d’autres, appartient surtout aux traditions orales. Il ne serait alors pas étonnant que les habitant-e-s du Pays de Galles ont puisé leur inspiration ici et là pour créer cette créature folklorique.
En parlant de source d’inspiration, il m’était impossible de rédiger cet article sans évoquer les légendes entourant le chien noir, également connu sous le nom de black dog dans la tradition anglaise. Si je devais expliquer grossièrement, je dirais que le chien noir est un peu une catégorie générale à partir de laquelle de nombreux mythes ont émergé.
Le chien noir est un spectre canin redoutable, principalement associé à la mort et aux apparitions surnaturelles. Bien que ses origines soient difficiles à établir, ce mythe semble s’enraciner à la fois dans les cultures celtiques et germaniques.
De manière générale, depuis l’Antiquité, les chiens sont souvent liés à la mort dans la mythologie européenne. On pense notamment au Barghest au nord de l’Angleterre, à Garm dans le folklore nordique, ou encore à Cerbère dans la mythologie grecque. Ces créatures sont toutes des gardiens du monde souterrain. Même Anubis, dans la mythologie égyptienne, est une divinité canidée associée aux rites funéraires. Le chien noir pourrait ainsi être un dérivé moderne de ces anciennes croyances.
Dans le folklore britannique, les chiens noirs sont presque toujours malveillants et liés à des présages de mort. Toutefois, certaines figures font exception, tel que le chien Gurt de Somerset. Contrairement à ses homologues, ce chien noir ne représente aucune menace et est décrit comme fondamentalement bienveillant. Considéré comme le gardien et protecteur de la lande, il est dit que les parents de la ville laissaient leurs enfants jouer seuls sur les collines de Quantock, car Gurt veillait toujours sur leur sécurité.
Les légendes de chiens noirs proviennent de tout le Royaume-Uni, mais certaines régions sont particulièrement riches en histoires. Le Suffolk, l’East Anglia, le Lincolnshire, ainsi que le Devon et le Yorkshire, sont des terres de légendes où ces créatures hantent les marécages, les cimetières et les collines. L’un des plus célèbres est sans doute le Black Shuck, un chien spectral qui aurait inspiré le roman d’Arthur Conan Doyle, Le Chien des Baskerville.
Cependant, il est important de noter que toutes les légendes de chiens noirs ne se ressemblent pas. Le folkloriste britannique Theo Brown a classé ces créatures en trois catégories distinctes, analysant leurs caractéristiques et leur symbolisme dans son étude de 1958 publiée dans la revue Folklore.
La première regroupe les figures les plus sinistres, comme le Barghest, le Gytrash, ou encore le Black Shuck. Brown les décrit comme des esprits métamorphes au pelage noir et aux yeux rougeoyants, caractérisés par une nature particulièrement belliqueuse et menaçante. Bien que le Gwyllgi ne soit pas mentionné par le folkloriste, je pense qu’il trouve naturellement sa place dans ce premier groupe.
La deuxième catégorie inclut des chiens noirs spectraux, mais d’une manière plus personnelle, car ils représentent les esprits des défunts. Ces canidés peuvent être des entités de victimes ou de malfaiteurs. Ils peuvent également représenter des apparitions fantomatiques de chiens souhaitant continuer à servir leurs maîtres après la mort. Ces chiens conservent leur apparence sans capacité de métamorphose. Bien qu’ils soient moins menaçants que d’autres catégories, ils ne sont pas inoffensifs : l’apparition de l’un de ces chiens, lorsqu’il est associé à une famille, peut annoncer la mort imminente d’un de ses membres.
Enfin, la dernière catégorie regroupe de nouveau des chiens noirs de type spectral, mais qui apparaissent à des dates spécifiques, comme Noël ou les anniversaires. Pour ce dernier groupe, les menaces s’effacent au profit d’une dimension plus mystique. Ces créatures fantastiques incarnent l’idée qu’elles sont inévitablement liées au domaine du surnaturel.
Le mythe du chien noir a également influencé la culture populaire moderne. Des groupes comme Led Zeppelin et The Darkness ont écrit des chansons en hommage à ces créatures, tandis que les adaptations cinématographiques du Chien des Baskerville ont perpétué leur légende. En dehors du folklore, le « chien noir » est aussi une métaphore bien connue de la dépression, popularisée par Sir Winston Churchill, qui l’a empruntée à l’écrivain Samuel Johnson au 18ᵉ siècle.
Bien que je ne le considère pas comme un personnage central, le Gwyllgi pourrait constituer un antagoniste ou une entité secondaire intéressante à développer. Voici quelques pistes pour enrichir vos histoires :
Le Révélateur des Peurs Intérieures : exploitez le Gwyllgi (ainsi que les capacités de métamorphose attribuées aux chiens noirs), pour incarner les peurs des personnages. Lors de son apparition, il pourrait forcer les protagonistes à affronter leurs angoisses, rendant le récit plus psychologique tout en explorant le développement personnel dans un cadre fantastique.
L’Allié Mystique : dans la dynamique de la seconde catégorie de Theo Brown, le Gwyllgi pourrait agir comme un allié ou un guide spectral. Cette créature pourrait en réalité être l’incarnation d’un proche décédé. Elle aiderait alors le personnage principal à naviguer à travers des territoires périlleux.
Le Gardien Féroce : bien que cela ne soit pas très original, le Gwyllgi, avec son aura menaçante et ses crocs acérés, pourrait être utilisé comme un adversaire redoutable. À l’image de Touffu, le chien à trois têtes dans Harry Potter à l’école des sorciers, le Gwyllgi pourrait se présenter comme le gardien d’une relique ou d’un lieu important.
J’espère que vous avez trouvé cette plongée dans l’univers du Gwyllgi aussi intéressante que moi. D’autres aventures mythologiques sont déjà en préparation, alors restez branchés !