Ma vie, mon roman #12 : Je refuse d’être le dindon de la farce éditoriale !


Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un sujet qui me tient vraiment très très très à cœur : la non-reconnaissance de l’auteur comme étant un professionnel du livre ! (et tout le foutage de g*** de la part du système éditorial qui s’en suit).

Attention ! Ceci est un article qui commence par un gros coup de gueule !

Peut-être que certains feront les yeux ronds en lisant cela, mais c’est vrai : dans le monde éditorial d’aujourd’hui, l’auteur n’est pas considéré comme un professionnel dans la chaîne du livre alors que tous les autres — éditeur, illustrateur, diffuseur, distributeur, libraire,… — le sont. Ce qui est absurde puisque, si personne n’écrit, il n’y a pas de chaîne de livre. L’auteur-e (oui, désolée, mais “autrice” ne passe toujours pas avec moi parce qu’à chaque fois, j’imagine le Pokemon vaututrice… mais ça va me passer, rassurez-vous !), l’auteur-e, donc, fournit l’objet de base qui permet de faire vivre des milliers de personnes mais n’a pas de meilleur statut qu’une vache laitière : à lui/elle de fournir la matière première sans rien espérer en retour parce que, de toute manière, on ne fait ça que pour le plaisir et pour l’Art, non ?

(Merci d’éviter les débats vegan, ce n’est ni le moment ni l’endroit…)

Seulement, à la différence d’une vache laitière, l’auteur-e a des factures à payer, un frigo à remplir, des frais médicaux à payer, parfois des enfants à élever, etc. Alors, quand il/elle reçoit un à-valoir de 800 ou même 1000€ pour un bouquin qui a pris un an de travail et 10% du prix du livre, et encore !, qu’il/elle ne touche ses droits d’auteur qu’à partir du moment où les ventes dépassent le montant de l’à-valoir et bien, oui, ça dégoûte.

Je crois que vous avez tous dû voir passer ce graphique publié par L’Express il y a 7 ans :

Il est regrettable de constater que presque 10 ans après, la situation des auteur-e-s n’a toujours pas changer : nous sommes toujours aussi mal considéré-e-s (qui n’a jamais entendu des réflexions comme : « Nan, mais écrivain, c’est pas un vrai métier. » ?) et aussi mal payé-e-s. Selon la Société des Gens de Lettres (SGDL), la répartition moyenne du prix d’un livre est de :

  • 10% pour l’auteur
  • 20% pour l’éditeur
  • 15% pour l’imprimeur
  • 8% pour le diffuseur
  • 12% pour le distributeur
  • 30% pour le libraire
  • 5% de TVA

Et encore ! Pour un auteur jeunesse, on est plus autour des 8% et sur les poches, un auteur touche entre 5 et 8% !
Quand j’ai expliqué ça à ma maman, j’ai cru qu’elle allait me faire une syncope !

Malheureusement, je ne peux pas vous faire un article pour vous exposer tout ce qui ne va pas dans le monde de l’édition à l’heure actuelle, c’est pour ça que je vous renvoie vers la chaîne YouTube de Samantha Bailly qui vous l’expliquera sûrement mieux que moi. Surtout avec ses vidéos :

Mais pourquoi je vous en parle aujourd’hui ?

Cette semaine a lieu le salon du livre jeunesse de Montreuil et Samantha Bailly, présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, dirige une série d’actions lors de ce salon : Plume pas mon auteur-trice.

Ça a commencé mercredi, pour l’ouverture, par un défilé d’auteurs déplumés. Samedi se tiendra un nouveau défilé et une prise de parole publique de Samantha Bailly sur la situation sociale précaire des auteurs et illustrateurs jeunesse, avec la SGDL, le SNAC BD, l’ATLF, la Voix des blogueurs.
Si vous voulez en apprendre davantage sur la situation à l’heure actuelle, je vous conseille vivement la lecture de l’excellent article de La Voix du Livre : PLUME PAS MON AUTEUR·TRICE !

La Charte lance chaque année des campagnes de sensibilisation pour tenter de changer les choses, mais malheureusement rien de bouge ou, si ça bouge, c’est pour empirer les choses (cf. la hausse de la CGS sans compensation…), c’est pour ça qu’il faut que nous, auteur-e-s, devons agir !

Ne pouvant pas me rendre au salon, je voulais tout de même me joindre à eux par la voie du blog.

L’auto-édition, la solution ?

Je ne pense pas que l’auto-édition soit LA solution mais une solution, peut-être, mais seulement pour certaines personnes : tout le monde ne peut pas et/ou ne veut pas s’autoéditer. L’auto-édition demande énormément de travail et tout le monde n’a pas la possibilité et/ou le temps de le faire. De plus, si le premier roman de Monsieur ou Madame Toutlemonde est auto-publié, les éditeurs verraient-ils vraiment la différence ? Je ne pense pas. En revanche, si Amélie Nothomb ou Marc Levy décident de s’autopublier, peut-être que là, ça changera quelque chose… Mais il est clair qu’il est impossible de demander à tout le monde de s’autoéditer.

Cependant, ce dont je suis persuadée c’est que si on veut que le système change, il faut qu’on s’y mette tous ensemble, auteur-e-s et éditeurs.

Mais, plutôt que que d’attendre que le système change, j’ai décidé, moi, d’évoluer. Comme l’a si bien dit Cécile Duquenne dans son article Évoluer pour survivre : de l’édition classique à l’auto-édition…

J’avais déjà abordé le sujet de l’auto-édition de mon roman dans l’article où je vous annonçais que je l’avais terminé et dans lequel je vous disais :

Ensuite, je vous avoue que je n’ai plus confiance dans le système actuel où l’auteur est, finalement, exploité et infantilisé — pour reprendre les mots de Samantha Bailly. M’auto-éditer est donc, pour moi, une sorte d’acte réactionnaire.

Et c’est toujours le cas. Je n’ai toujours pas confiance dans le système actuel. De plus, quand je vois le travail qu’un-e auteur-e édité-e (à compte d’éditeur) doit fournir pour vendre son livre (parce que ne rêvez pas : que vous soyez autoédité-e ou pas, dans une grande ou une petite maison, le “sale” boulot [de promotion] c’est pour votre pomme ! Ou alors vous êtes Amélie Nothomb ou Marc Levy…) et :

  • ne recevoir que 8 à 10% de droits d’auteur,
  • payer des cotisations à l’AGESSA qui ne vous ne donnent même pas droit aux remboursements des soins de santé ni à cotiser pour votre retraite (jusqu’à une certaine somme gagnée, tout du moins),
  • d’être infantilisé-e dans vos rapports avec les autres professionnels du livre,
  • ne pas vous trouver dans les rayons des librairies puisque vous êtes quand même un-e auteur-e inconnu-e (et de SFFF francophone, qui plus est !)

Et bien, je préfère me charger moi-même de tout ! Au moins, j’ai un total contrôle sur mon livre, un suivi précis de mes ventes et je ne serai pas payée une fois par an au petit bonheur la chance quand la/le comptable ne m’aura pas oubliée !

Voilà, un article engagé et coup de gueule, pour une fois (je sais, ça change 😉 ) mais en plus d’être blogueuse, je suis aussi auteure et je pense qu’il est de mon devoir de parler de ça aussi. En plus, je m’adresse à d’autres (futur-e-s) auteur-e-s et je pense que vous êtes ou serez concerné-e-s vous aussi si vous comptez publier un jour.

N’hésitez pas à parler, débattre, partager vos expériences et ressentis dans les commentaires ! C’est toujours intéressant et enrichissant de connaître d’autres points de vue ! 🙂

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