Archétype ou stéréotype ?


Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un sujet que j’ai envie d’aborder depuis très longtemps, à savoir : la différence entre un archétype et un stéréotype et comment utiliser un archétype sans tomber dans le stéréotype.

Je pense à ce sujet d’article depuis que j’ai écrit celui sur les licornes, article qui date du 1er avril 2015 ! Pour vous dire à quel point ça date !

C’est d’ailleurs parce que j’avais envie de vous parler des archétypes que cet article s’intitule Les archétypes de personnage : La Licorne et non pas Créatures de légende : La Licorne, comme tous les autres articles traitant de créatures légendaires. En réalité, je voulais vous introduire, de manière plus ou moins humoristique, la notion d’archétype de personnage par cet article et faire une série d’articles — oui, j’adore les séries d’articles, et ce, même si ça demande une tonne et demi de travail en plus… — à propos des archétypes de Jung, notamment.

Bref !

Il faut savoir que la frontière est mince entre les archétypes et les stéréotypes, mais qu’il y a parfaitement moyen de créer ses personnages en se basant sur des archétypes sans pour autant tomber dans le stéréotype.

En vérité, la différence entre un archétype et un stéréotype est exactement la même que la différence entre une caractéristique et un cliché :

Un critère est un principe, un élément de référence qui permet de juger, d’estimer, de définir quelque chose. Dans le cas d’un genre littéraire, il faut qu’une œuvre réunisse un certains nombres de critères pour être classée dans l’un de ces genres. Les critères principaux de la fantasy sont la présence magie, l’absence de doute pour le lecteur de l’existence de cette magie et la capacité à faire rêver, voyager le lecteur.

Un cliché est une formule rabâchée tellement de fois qu’elle en a perdu toute originalité. Bien souvent, les clichés lassent et les lecteurs se détournent de ces récits qui racontent sans cesse la même histoire.

Qu’est-ce qu’un archétype de personnage ?

Archétype vient du grec ancien ἀρχὴ (« commencement ») et túpos (« type ») et signifie littéralement « premier type ». L’archétype est donc une sorte de modèle primitif, une sorte de structure fondatrice. Carl Gustave Jung définissait les archétypes comme étant des préformes vides qui organisent la vie instinctive et spirituelle, structurent les images mentales (pensées, fantasmes, rêves…).

En littérature, un archétype est donc un modèle général d’un type de personnage à partir duquel on va pouvoir créer notre propre personnage.

En gros, un archétype c’est donner à toute une classe les mêmes couleurs de peinture, les mêmes pinceaux, la même feuille de papier, dire aux élèves de peindre un paysage — sans copier sur son voisin — et c’est tout. Même si tous les enfants ont reçu le même matériel et les mêmes instructions, chaque paysage peint sera différent : certains enfants auront dessiné une montagne, d’autres la mer, etc.

En littérature fantasy, c’est pareil. On a plusieurs archétypes récurrents tels que le mentor, le héros, l’antagoniste (qui n’est pas nécessairement un « méchant »), l’adjuvant… Chacune de ces figures a une série de caractéristiques qui lui sont propres et qui le définissent dans son rôle romanesque sans pour autant le définir en tant que personnage (avec son caractère, ses goûts…).

Prenons l’exemple du mentor, figure ô combien représentative de la fantasy. — C’est aussi parce que c’est mon archétype favori, tous genres confondus… Merlin pour toujours et forever !

Le mentor est caractérisé par son expertise et sa sagesse qui sont en mesure de soutenir le protagoniste ou le héros — oui, parce que le protagoniste n’est pas nécessairement le héros de l’histoire — et de l’aider à s’élever psychologiquement, magiquement, physiquement, etc. Le mentor pousse le protagoniste à la réflexion pour qu’il affronte ses peurs et ses faiblesses. De ce fait, le mentor est souvent lié à d’autres archétypes de personnages tels que le sage ou l’enseignant.

Qu’est-ce qu’un stéréotype ?

Stéréotype vient du grec ancien στερεός, stereós (« ferme, dur ») et túpos (« type ») et signifie littéralement « type fixe ». Le stéréotype est donc un modèle figé, immuable, conventionnel dans un cadre donné.

Pour info : en imprimerie, un stéréotype c’est une plaque sur laquelle on fixe les caractères afin de reproduire plusieurs fois la même page. Je trouvais l’analogie intéressante.

En littérature, au lieu de stéréotype, on parlera plus facilement de personnage-type, c’est-à-dire un personnage tout fait, clé en main d’une certaine manière. Le stéréotype relève plus du cliché que du modèle puisque les personnages-types présentent tous exactement les mêmes caractéristiques.

Le stéréotype est un personnage simplifié à l’excès dont les réactions sont prévisibles. Les personnages stéréotypés peuvent être échangés d’une histoire à l’autre sans impact majeur sur l’intrigue.

Pour reprendre l’analogie avec la peinture, le stéréotype c’est donné le même matériel à tous les enfants et leur donner pour instruction de reproduire un paysage que vous leur montrer. Dans ce cas, à quelques nuances près, tous les paysages seront identiques.

Reprenons l’exemple du mentor. Quand il est stéréotypé, on se retrouve face à un vieil homme (oui… c’est rarement une femme, ça doit être une question de barbe…) très érudit, pour ne pas dire qu’il sait tout, vachement puissant, qui parle toujours par énigme et qui ponctue chacune de ses réflexions par « Tu comprendras en temps voulu, jeune apprenti-e / élu-e / padawan ». C’est aussi celui qui est souvent le seul à avoir compris le sens caché de LA prophétie, découverte qu’il garde jalousement, évidement…

J’entends vos soupirs las d’ici… 😉

Comment utiliser un archétype sans tomber dans le stéréotype ?

Avec les deux versions du mentor que je vous ai présentées, on voit que la version archétype est beaucoup plus ouverte et offre beaucoup plus de possibilités que le stéréotype qui est un personnage clé en main.
Bien sûr, j’aurais pu comparer également les héros, les princesses, les antagonistes-grands-vilains-méchants-pas-beaux… mais demain, on y serait encore.

Pourtant, même s’il est facile de tomber dans les travers des stéréotypes maintes et maintes fois utilisés, utiliser un archétype pour créer un personnage n’est pas une mauvaise chose en soi. Ça peut même grandement vous aider.
Par exemple, en guise d’archétypes, vous pouvez vous servir du système d’alignements de Donjons et Dragons, des profils du MBTI ou des archétypes de Jung.

Bien que l’archétype et le stéréotype désigne un type de personnages, la différence tient dans le fait que l’archétype utilise le modèle comme point de départ là où le stéréotype l’utilise comme point final. L’archétype est vraiment une réflexion en amont de la création de personnage, là où le stéréotype est un personnage « abouti », terminé, dont on se sert tel quel.

Pour ne pas tomber dans le stéréotype lors de votre création de personnage, le seul conseil que je peux vous donner c’est : « Ouvrez votre esprit aux milliers de possibilités. »

Un mentor ne doit pas nécessairement être un vieux barbu, ça peut aussi être une vieille barbue… De la même manière, il n’est pas nécessaire d’en faire une « personne », un mentor peut aussi être un animal, un objet (comme un livre)… Un mentor peut aussi être un code d’honneur fort, si fort qu’il peut agir sur le mental du héros/protagoniste afin de le faire s’élever moralement et le pousser à dépasser ses limites.

Le mentor n’est pas de facto une personne : dans Le petit âne blanc de Joseph Kessel (qui n’est pas de la fantasy), le mentor de Bachir est un âne blanc (qui ne parle pas, qui ne transforme rien en or…, c’est juste un âne mal en point). Pour cet âne, Bachir va tout donner. Il va parfaire ses qualités, en acquérir de nouvelles, considérer le monde différemment, etc. Il va grandir grâce à cet âne.

Dans la légende chinoise de Mulan, le mentor de la jeune femme c’est sa détermination à vouloir sauver son père (et sa vie à elle aussi, un peu tout de même).

L’archétype du mentor en littérature sert avant tout à faire évoluer votre personnage. Et pour ça, pas besoin de parler par énigmes, de se laisser pousser la barbe ou de faire des concours de chapeaux pointus. Il suffit de trouver ce qui poussera votre héros/héroïne à vouloir évoluer.

Il en va de même pour tous les autres rôles de vos histoires : ne vous cantonnez pas à ce que vous connaissez. Posez-vous les bonnes questions quant aux rôles de vos personnages : doivent-ils vraiment être grand et beau pour être des héros ? Doivent-elles vraiment être courageuse et téméraire pour être de vraies héroïnes ? Est-il nécessaire que votre antagoniste soit une telle ordure ?…

Évitez également tous les articles du genre : 10 traits de caractère que doit posséder votre mentor, 5 qualités indispensables à votre héros, Comment créer une héroïne badass ?, etc. Tous ces articles ne feront que vous pousser un peu plus vers les stéréotypes car ils ne traiteront, en général, que des caractéristiques stéréotypées du rôle considéré.

Pour conclure, j’aimerais vous dire que vous ne devez pas avoir peur d’essayer de nouvelles choses. Ne vous limitez pas à ce que vous connaissez, osez aller plus loin.

Voilà ! J’espère que cet article vous a plu !

Alors, dites-moi : sur quoi vous basez-vous pour créer vos personnages ? Sur des archétypes ? Des personnages déjà existants ? Des personnes de la vie réelle ? Un peu de tout ?

Et n’oubliez pas la FAQ que j’ai ouverte pour que vous puissiez me poser vos questions à propos de la fantasy, de l’écriture, de l’écriture de fantasy, du blog, de mon écriture… : FAQ Monde Fantasy 😉

Découvrez d’autres conseils pour créer et développer vos personnages


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