Comment se lancer dans l’écriture d’un récit fantasy


Il y a quelques mois, on m’a demandé des conseils pour se lancer dans l’écriture d’un récit de Fantasy.

Comme le sujet est assez vaste, je n’ai pas vraiment pu répondre à la question. J’ai donc décidé d’en faire un article.

Au début, je pensais vous lister mes meilleurs conseils, comme je l’ai déjà fait pour d’autres sujets. Seulement, il existe déjà pléthore d’excellents articles de ce genre-là sur internet. J’en ai d’ailleurs écrit un, il y a quelques années, pour le blog Narration et Caféine : 10 choses à savoir avant d’écrire de la Fantasy. En le relisant pour écrire cet article-ci, je me suis aperçue que je n’avais rien à y ajouter.

Dès lors, au lieu d’une énième liste de conseils, j’ai plutôt choisi de vous raconter comment, moi, je me suis lancée.

Comment je suis tombée dedans

Je pense que, comme beaucoup de personnes de ma génération et après, j’ai grandi avec des dessins-animés inspirés de contes, de légendes et de mythologies de tout bord. Mon environnement télévisuel se composait de films et séries Disney, d’adaptations de légendes arthuriennes et de la Matière de Bretagne, des contes des mille-et-une nuits, ainsi que ceux des frères Grimm, de Perrault et d’Andersen.

Il y avait aussi les animes japonais qui m’ont fait découvrir des légendes et des mythologies sud-américaines (Les mystérieuses cités d’or), japonaises évidemment, grecques (Ulysse 31, les Chevaliers du zodiaque, Sailor Moon ; les deux derniers exemples sont davantage des inspirations que des adaptations, je vous l’accorde).

Quand je ne regardais pas la télévision, je lisais des contes et des légendes. Il y avait aussi les histoires de fées, de sorcières et de théâtre que je réclamais à mes parents. Sans oublier, bien entendu, les légendes locales de nos lieux de vacances. Et comme nous partions souvent en Bretagne, je n’ai jamais manqué d’histoires à apprendre et à lire. C’est ainsi que, très tôt, j’ai développé une fascination pour le personnage de Merlin.

J’étais donc bercée majoritairement par des histoires où la magie était prégnante, voire centrale.

Pourtant, malgré tout, mes premières histoires, entre mes 8 et mes 14 ans, étaient des récits policiers !

Exception faite d’une petite nouvelle de science-fantasy racontant l’histoire de sirènes extraterrestres ayant débarqué sur terre par erreur, écrite quand j’avais 11 ans…

En somme, me lancer dans la Fantasy n’était pas une évidence.

Ça l’est devenu quand je suis arrivée dans ma période « mythes, légendes et ésotérisme » où j’ai commencé à lire beaucoup de mangas Fantasy, à m’intéresser à la sorcellerie (au personnage de la sorcière et à celui de la fée de la matière de Bretagne) et à faire des recherches sur les créatures légendaires telles que les dragons — mes petits chouchous ad vitam æternam —, les vampires (je vous ai dit que j’ai eu une glorieuse période gothique ?) et les phénix. C’est d’ailleurs grâce à ces derniers que j’ai compris que je voulais écrire de la Fantasy.

Comment j’ai compris que je voulais écrire de la Fantasy

En vérité, cela faisait déjà un certain temps que je savais que, un jour, j’écrirais de la Fantasy. Seulement, je me suis retrouvée confrontée à deux obstacles de taille :

  1. La fausse croyance comme quoi que j’avais passé l’âge de ces fadaises magiques qui n’étaient destinées qu’aux enfants.
  2. Comment on fait ? À quoi ça ressemble un roman avec de la magie et des dragons ?

Je n’avais pas vraiment lu de Fantasy jusque là, je veux dire de la « vraie » Fantasy. La seule Fantasy que je connaissais était celle destinée aux jeunes enfants. Je n’avais donc aucun point de repère.

Et puis, un jour, alors que j’étais en plein dans ma « phase phénix », je tombe par hasard dans le rayon « littérature de l’imaginaire » de la FNAC. Et là : 

Cœur de phénix de Mathieu Gaborit est installé bien en évidence sur le présentoir.

Comme s’il y avait été placé juste pour moi, à ce moment précis.

Étant à la recherche de lectures à propos des phénix, autant vous dire que je me suis jetée dessus pour en lire la quatrième de couverture. 

La lecture de ce résumé a été une véritable bouffée d’oxygène, un coup de massue qui a brisé tous les murs que j’avais érigés entre moi et ma passion pour la magie, pour tout ce qui émerveille.

D’ailleurs, ce livre n’a pas fait que réveiller mon amour pour la Fantasy, il m’a aussi fait découvrir Mathieu Gaborit qui est devenu par la suite l’un de mes autaires chouchou et, surtout, l’un de mes mentors — par romans interposés évidemment.

Toujours sur le même présentoir, juste à côté de Cœur de phénix, se trouvait Le Seigneur de Cristal d’Alexandre Malagoli qui attisait l’une de mes autres lubies de toujours : celle des miroirs. Je me suis jetée sur ce livre-là aussi. — Un roman que j’ai aussi beaucoup aimé, mais qui n’a pas eu le même impact sur moi que Cœur de phénix.

C’est donc grâce à ces deux livres que j’ai ouvert la merveilleuse porte de la Fantasy et que je ne l’ai jamais refermée.

Nous étions en 2002, j’avais 14 ans.

Bien entendu, une fois ces deux romans lus, j’ai voulu en lire plus. Ce que j’ai fait, évidemment.

Plus je lisais plus j’apprenais ce qu’était la Fantasy et plus je cernais ce que je voulais créer et écrire : de la Fantasy épique dans un monde que j’aurais bâtis moi-même et qui accueillerait plusieurs histoires.

Et plus précisément : je voulais construire un univers où je placerais toutes mes histoires, ou presque.

J’ai donc créé mon propre univers, Tell’Andra, 12 ans plus tard !

Comment j’ai appris à écrire de la Fantasy

Il s’est donc écoulé 12 ans entre le moment où j’ai su que je créerais un jour mon univers et celui où j’ai commencé à bâtir Tell’Andra.

Pour être plus précise : j’ai mis 12 ans à poser les premiers mots pour Tell’Andra, mais 6 mois pour le créer.

En tout cas, 6 mois pour créer des bases exploitables pour écrire ma quadrilogie Neph et Shéa.

Peut-être que cela vous étonne, ou peut-être pas.

« Que s’est-il passé pendant ces douze années ? » vous demandez-vous sûrement.

Pendant cette décennie, j’ai lu et appris.

Quand on est écrivaine ou écrivain, il y a deux manières de lire : la première est celle que nous pratiquons pour nous détendre, la seconde est celle que nous pratiquons pour apprendre.

Au fil de mes lectures, je notais mentalement :

  • ce qui était nécessaire à un univers de Fantasy,
  • ce qui ne l’était pas,
  • les différentes manières de traiter un même élément en fonction du récit,
  • les différentes places que l’univers pouvait prendre dans l’histoire,
  • ou a contrario les différentes places que prenaient les récits dans le monde,
  • les différents types de mondes.

Mais surtout, je retenais — toujours mentalement — ce que je voulais voir apparaître dans mon propre univers : 

  • quel type de carte je voulais dessiner, 
  • quelles créatures je voulais inclure dans mes contrées,
  • quelles races arpenteraient mes terres,
  • quelle magie animerait mes personnage
  • etc.

Tous ces éléments, je les notais dans un coin de ma tête en me disant qu’un jour je saurais comment les assembler en un tout cohérent.

Mais je n’ai pas fait que ça.

Je me suis surtout entraînée à écrire. En 12 ans j’ai écrit plus d’une centaine de textes pour apprendre à écrire. 

J’ai ainsi rédigé une dizaine de nouvelles, une cinquantaine de poèmes et le reste en pur exercices de style et jeux d’écriture. Et ce, juste pour m’entraîner et pour apprendre.

Écrire s’apprend, au même titre que le dessin ou le piano, et ce, quel que soit notre talent, quoi que cela puisse dire. Quand on veut écrire de la fiction, il ne suffit pas de savoir créer des personnages, construire des intrigues et bâtir des mondes. Ça, c’est la partie facile de notre travail.

Il faut surtout savoir faire vivre ses personnages, savoir raconter ses histoires et immerger notre lectorat dans nos univers (quelles que soient leur taille et leur complexité). Le fameux Show, don’t tell.

Tout ceci ne peut se faire qu’en travaillant et en soignant son style. En apprenant à choisir avec soin chacun de nos mots, chacune de nos tournures.

Ce genre d’exercices est très important pour maîtriser l’écriture de la fiction puisque notre rôle est de décrire des choses — des paysages, des créatures, des phénomènes… — qui n’existent pas.

Comment je me suis lancée dans la création de mon premier univers de Fantasy ?

J’ai commencé à poser les premières lignes de Tell’Andra en mars 2014, après avoir fait un rêve qui est devenu le point de départ de toute mon aventure scripturale. Et même entrepreneuriale puisque Monde Fantasy est né parce que je cherchais à créer un univers.

Quand je me suis lancée, j’ai senti que ces douze années de lecture, d’apprentissage et d’exercice avaient payé : tous les éléments de mon univers se sont assemblés avec une facilité déconcertante.

Je pensais que je mettrais des années à créer une base exploitable, mais je n’ai mis « que » 6 mois.

En fait, je me suis aperçue que j’avais déjà tous les outils et les matériaux nécessaires, il ne me manquait qu’un déclic pour comprendre comment les utiliser.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à élaborer ma propre méthode de worldbuilding.

Méthode que je vous partage sur ce blog, mais aussi dans mon livre Worldbuilding Fantasy : Créez votre univers que vous pourrez précommander à partir de la semaine prochaine 😉

Cette méthode, même si elle n’est ni universelle ni parfaite, peut tout de même être adaptée par le plus grand nombre, car elle repose sur trois éléments fondamentaux qui, eux, sont communs à tous les écrivains et toutes les écrivaines :

  1. Notre connaissance de nous-mêmes, de nos capacités, de nos limites et de nos goûts et dégoûts…
  2. La connaissance de ce qui nous animele « pourquoi » nous voulons écrire des histoires
  3. La pratique

Comment j’ai écrit de la Fantasy ?

Un univers créé ne fait pas un roman. Comme je l’ai expliqué dans mon article les 4 piliers du récit, un roman repose sur :

  • l’intrigue
  • les personnages
  • l’univers
  • le style

Chacun de ces quatre éléments étant d’égale importance.

Vous l’avez sûrement compris, j’avais une bonne expérience dans les 3 domaines que sont l’intrigue, les personnages et le style puisque j’avais travaillé tout ça pendant presque 20 ans (j’ai commencé à écrire à 8 ans).

J’avais même travaillé les univers narratifs grâce à mes nouvelles sans toutefois m’attaquer à du worldbuilding à proprement parler.

Ce qui me bloquait et qui m’empêchait de réellement me lancer était donc cette partie-là : la création d’un univers.

Problème qui a été résolu en 2014.

J’avais donc tout ce qu’il fallait pour me lancer dans l’écriture de mon premier roman : La Fuite, le premier tome de ma série Neph et Shéa.

J’ai donc commencé la rédaction dès que les contours de Tell’Andra ont été assez nets pour que je l’exploite dans une histoire.

Je n’ai pas attendu d’avoir fini mon univers pour me lancer dans l’écriture. Je savais que, d’une part, Tell’Andra ne serait probablement jamais achevée et que, d’autre part, cela ne servait à rien de repousser l’échéance. À partir d’un certain moment, on finit par tourner en rond dans notre travail de création parce qu’on ne sait pas ce qui manque vraiment, quels éléments seront nécessaires. Alors on s’attaque à tout et on se perd.

Le meilleur moyen pour éviter cela, c’est en écrivant. En éprouvant notre monde dans des « conditions réelles », c’est-à-dire en y racontant une histoire et en y faisant vivre nos personnages. Il n’y a que comme ça que l’on peut savoir où il est bancal.

Pendant la rédaction de ce premier roman, je me suis retrouvée confrontée à de nouveaux problèmes. Problèmes inhérents au format qu’est le roman, et même inhérents à la série romanesque, davantage qu’au genre lui-même.

Des problèmes tels que le perfectionnisme, le doute, le manque de temps, les blocages…

Mais ce n’est pas le sujet du jour, aussi j’en parlerai une autre fois si vous le souhaitez.

Tout ça pour vous rappeler que l’on a beaucoup trop souvent tendance à résumer l’écriture des romans Fantasy à la création d’un univers, des personnages ou de l’intrigue, alors que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, la partie facile.

Écrire de la Fantasy, c’est d’abord notre propre capacité à connaître et comprendre ce qui nous anime pour, ensuite, le transmettre aux autres de manière intelligible et touchante.

Les leçons que j’ai tirées de tout ça

Première leçon : Lire le plus possible

Pour vous familiariser avec la Fantasy et en maîtriser les codes.

Pour savoir ce qui a déjà été fait, ce qui est original et ce qui ne l’est pas.

Mais surtout pour savoir ce que vous voulez écrire, ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas.

Deuxième leçon : S’exercer encore et encore

Négliger son style est la pire des choses que l’on puisse faire. Beaucoup pense que ce sont les personnages qui sont l’élément le plus important parce que c’est par eux que passent les émotions — ce qui est faux, elles passent par tous les éléments du roman —, mais comment voulez transmettre quelque émotion si votre roman est mal écrit ? Et ce, même si vos fiches de personnage ou votre intrigue sont parfaites.

S’exercer à écrire est également le meilleur moyen pour trouver votre propre façon d’exprimer votre imaginaire. Votre lectorat n’est pas dans votre tête, il faut donc apprendre à rendre votre imaginaire intelligible et immersif pour les autres si vous voulez réussir votre roman.

Troisième leçon : Connais-toi toi-même

J’ai volontairement repris cette citation de Socrate parce qu’elle m’a marquée et qu’elle m’accompagne tous les jours, dans tous les domaines de ma vie, même l’écriture.

C’est important de savoir qui nous sommes pour écrire des romans vraiment sincères, vraiment authentiques. Seuls ces récits-là touchent vraiment les lecteurs et les lectrices.

Autre détail : se connaître permet aussi de savoir quelle méthode nous convient le mieux, quels thèmes nous animent vraiment, quel message nous avons envie de transmettre avec nos mots…

Quatrième leçon : L’émerveillement est le seul vrai moteur de la Fantasy

Ne vous arrêtez jamais de rêver et de vouloir faire rêver les autres.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui.

J’espère que ce récit de mes débuts vous a plu. Dites-moi, comment cela s’est passé pour vous ?

Vous souhaitez créer des mondes imaginaires fascinants ?


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