Republication d’un article de mon ancien autre blog, Prom’Auteur.
La prospection pour trouver des éditeurs susceptibles d’éditer nos manuscrits n’est pas une mince affaire. D’ailleurs, pour beaucoup cela relève du parcours du combattant. De plus, comment savoir si l’éditeur est à compte d’éditeur et qu’il ne s’agit pas d’un énième compte d’auteur déguisé ?
Dans cet article, je vous donne les clés pour trouver les éditeurs qui vous conviennent et, surtout, pour repérer les comptes d’auteur cachés.
Si vous ne vous rappelez plus ou que vous ne connaissez pas la différence entre un éditeur à compte d’éditeur et un éditeur à compte d’auteur, je vous invite à lire cet article : Les différents modes d’édition
1. Connaitre son livre pour mieux cibler les éditeurs
Une fois votre manuscrit terminé, corrigé, bêta-lu, re-corrigé et mis en page, il est prêt à être envoyé aux maisons d’édition. Seulement, on n’envoie pas un manuscrit comme on envoie une bouteille à la mer. Il y a des éditeurs à qui ça ne sert strictement à rien d’envoyer son livre tout simplement parce qu’il ne correspond pas à leur ligne éditoriale.
Qu’est-ce qu’une ligne éditoriale ?
Chaque maison d’édition suit ce que l’on appelle une ligne éditoriale. Cette ligne éditoriale détermine l’identité d’une maison d’édition ou d’une collection afin de correspondre à un genre, à des tons (humour, cynisme…), à des formats (oneshot, trilogie, duologie, romans de 300 pages…), à des idéologies, etc.
Le mieux est que je vous donne un exemple. Voici la ligne éditoriale des éditions ActuSF :
- Les éditions Actusf recherchent des romans dans les littératures de l’imaginaire (science-fiction, steampunk, uchronie, cyberpunk, vampire, etc.) pour sa collection Les Trois Souhaits et de fantasy pour sa collection Bad Wolf. Nous avons une nette préférence pour les textes nerveux, porteurs de sens, tordant le cou aux clichés, et avec, pourquoi pas, une touche d’humour (voire une grosse touche d’humour. Mais les récits sombres sont aussi acceptés).
- Côté longueur, nous recherchons des textes entre 300 000 et 600 000 signes.
- Votre texte fait moins ? Il sera refusé automatiquement.
- Votre texte fait plus ? Il peut être accepté, sous réserve que le synopsis nous intéresse.
- Votre texte fait plus d’un million de signes ? Il sera refusé automatiquement.
Chaque année des milliers de manuscrits sont envoyés tous azimuts par des auteurs et des autrices qui n’ont pas fait attention aux lignes éditoriales des maisons auxquelles ils et elles envoyaient leurs manuscrits. Le non respect de la ligne éditoriale est la cause principale de refus, car un manuscrit, aussi bon soit-il, qui ne respecte pas la ligne éditoriale d’une maison sera refusé sans même être lu.
C’est pour cette raison qu’il est primordial de connaitre le genre de son récit pour savoir à quelle maisons s’adresser. Si on veut que son histoire soit publiée, lue et appréciée, il est très important de savoir à qui l’envoyer et pour ce faire, il faut connaitre le genre de son livre et le public visé (ou estimé).
On n’adresse pas non plus un roman jeunesse/young adult à une maison qui ne publie que pour les adultes.
Si vous ne voulez pas accumuler les lettres de refus, il est donc fondamental de :
- connaitre le genre et les thèmes de votre manuscrit
- avoir un estimation de l’âge de votre lectorat cible
- se renseigner sur les lignes éditoriales des maisons d’édition avant de leur envoyer votre manuscrit
À lire aussi : L’importance de connaître le genre de son roman
Comment se renseigner sur les lignes éditoriales des maisons d’édition ?
Certaines, comme ActuSF citée précédemment, donnent leur ligne éditoriale sur la page de soumission des manuscrits de leur site internet. D’autres donnent le détail de leur ligne éditoriale dans la description des collections ou sur une page dédiée.
Si ce n’est pas le cas alors soit c’est une très grosse maison d’édition qui n’a pas besoin de spécifier sa ligne éditoriale parce qu’elle publie de tout, soit c’est du compte d’auteur qui, en bon prestataire de services, n’a aucune ligne éditoriale.
Astuces :
Dans la lettre d’accompagnement de votre manuscrit, vous pouvez préciser à quelle collection de la maison votre livre est susceptible de correspondre.
À lire aussi : 5 étapes avant d’envoyer son manuscrit à un éditeur
2. Regarder dans les rayons des librairies et sur les librairies en ligne
Une fois que vous avez identifié votre genre et votre public, vous pouvez commencer à chercher des noms de maisons d’édition.
Pour ce faire, rendez-vous dans une libraire, bien achalandée de préférence afin d’avoir le plus de choix possible, et rendez-vous dans le rayon susceptible de pouvoir accueillir votre livre. Une fois là :
- Lisez les 4e de couverture de plusieurs livres (de tous si vous avez du temps et du courage) afin de voir ce qui correspond le plus à votre manuscrit.
- Relevez les titres des livres du même genre que le vôtre (v. plus bas pourquoi).
- Relevez les noms des maisons d’édition de ces livres.
- N’hésitez pas non plus à poser des questions aux libraires, qui sont là aussi pour vous aiguiller dans vos choix en vous parlant de maisons qu’ils ont en rayon (ou pas), qui sont de confiance (ou pas), etc. Les opinions des libraires sont importantes dans le sens où ce sont eux qui décident de ce qu’ils vendent ou pas.
Une fois chez vous, allez voir différentes librairies en ligne (comme Amazon, Fnac, Cultura ou Decitre) et cherchez les titres que vous avez relevés en librairie. Pour chacun de ces titres, les sites vous donnerons d’autres recommandations de lectures qui n’étaient pas nécessairement présentes dans les rayons des librairies soit parce que la maison d’édition est petite et méconnue, soit par simple manque de place.
Vous pouvez expérimenter exactement la même démarche sur des bibliothèques en ligne comme Livraddict, Babelio, Booknode, SensCritique et GoodReads.
Si vous suivez des chaines Booktube, des comptes Bookstagram ou des blogs de lecture pensez à noter les titres des livre dans le même genre que le vôtre et les maisons d’éditions de ces derniers.
Pourquoi relevez les titres des livres et pas seulement les maisons d’édition ?
Relevez les titres vous permettra de faire des recherches internet pour trouver des livres comparables et d’autres maisons d’édition via les sites de vente ou les bibliothèques en ligne.
Mais aussi, en allant sur les sites des maisons d’édition et en y cherchant les titres, vous pourrez cibler les collections qui pourraient accueillir votre livre.
3. Utiliser Edit-It
J’aimerais préciser que je ne suis pas sponsorisée pour vous parler de ce site.
Edit-it est un annuaire participatif en ligne qui regroupe énormément de maisons d’édition. Pour moi, c’est un outils indispensable dès que vous désirez chercher un éditeur.
Ce site est très simple d’utilisation. Quand vous vous rendez sur Edit-it.fr, cliquez sur le menu en haut à gauche « Annuaire des éditeurs » :
Vous arrivez sur une liste de maisons d’édition avec un panneau de recherche (sur la gauche de l’écran) très complet :
Ainsi, vous pouvez appliquer des filtres tels que les maisons qui n’acceptent que des soumissions numériques, celles dont les soumissions sont encore ouvertes, compte d’éditeur et/ou compte d’auteur et un large choix de genres d’ouvrage avec parfois des sous-sous-catégories pour mieux affiner vos recherches :
4. Reconnaître les éditeurs douteux
Pendant cette étape de prospection, on n’est pas à l’abri de tomber sur des éditeurs peu scrupuleux, autrement dit des comptes d’auteur déguisés.
Voici quelques trucs et astuces pour les repérer :
- Tous les éditeurs présentés dans des publicités (soit des encarts de pub sur des sites ou des annonces sponsorisées) sont des comptes d’auteur.
- Dès qu’il est question de vous faire payer quelque chose (services de correction, couverture, achat obligatoire d’exemplaires, dédommagement de l’éditeur s’il n’a pas vendu assez d’exemplaire de votre livre…), c’est du compte d’auteur ou un service d’autoédition.
- Si sur le site on trouve un détail de processus d’édition, qu’il prône le fait qu’ils éditent à compte d’éditeur et que leurs services sont « professionnels », c’est du compte d’auteur. Un compte d’éditeur n’a pas besoin de préciser ce genre de chose, il n’a pas à se justifier.
- Parfois il y a une page qui précise la distribution et les partenaires, faites bien attention à ce qui y est dit : certains présentent Dilicom comme un distributeur, or Dilicom est un réseau de référencement, un catalogue en somme. De même, la BnF (Bibliothèque nationale de France) n’est pas un partenaire, la BnF est un organisme national de référencement des œuvres publiées sur le sol français. Dire que la BnF est un partenaire, c’est comme dire que je suis partenaire des greffes du tribunal de mon département parce que j’y ai inscrit mon entreprise : ça n’a pas de sens puisque c’est une démarche obligatoire au même titre que le dépôt légal à la BnF.
- Si la réponse de l’éditeur est rapide (moins d’un mois) et positive, il y a anguille sous roche. Dans le cas d’un compte d’éditeur, le livre passe par différentes étapes (première validation, comité de lecture, nouvelle validation…) et ça prend du temps. Un compte d’auteur est un prestataire de services, il n’a pas de comité de lecture et il ne peut pas, légalement, refuser un client (en temps normal, tout du moins).
- Si, dans le contrat d’édition que l’on vous envoie, on vous de demande de payer pour une quelconque raison, c’est du compte d’auteur. On ne le répétera jamais assez : un vrai éditeur ne vous demandera jamais un seul centime, jamais !
- Si, dans le contrat, il est question d’une somme minimum à gagner avec la vente de vos livres pour pouvoir déclencher le versement de vos droits et qu’il n’y a pas d’à-valoir, c’est du compte d’auteur.
- Si vous avez un doute, pensez à allez chercher des avis sur internet.
J’espère que toutes ces informations vous aideront à trouver l’éditeur de vos rêves.