Je vous en avais parlé dans la présentation de mes projets et objectifs de 2024 : je compte définitivement fermer mon blog Prom’Auteur et transférer tous les articles qui s’y trouvent encore ici.
L’autoédition est un sujet qui me tient vraiment à cœur, c’est pour cette raison que je n’ai pas voulu laisser tomber ces articles dans l’oubli. Je souhaite également continuer d’en parler, même une fois que tous les articles auront été transférés.
C’est une vraie question qu’il faut se poser avant de se lancer.
L’autoédition n’est pas un acte anodin et c’est surtout une certaine organisation. Je croise souvent des personnes qui se lancent dans cette aventure et qui, au bout de quelques mois, le regrettent parce qu’elles ne s’attendaient pas à ça.
Beaucoup de personnes, auteurs/autrices ou pas, pensent que c’est une solution miracle : devenir riche, être repéré-e par un éditeur, trouver son lectorat plus facilement, etc.
C’est pour cette raison que, aujourd’hui, je voudrais faire un peu le tour de la question avec vous : qu’est-ce que l’autoédition, qu’est-ce que cela implique, quelles sont les choses que vous allez devoir faire… Mais aussi, pourquoi voulez-vous vous autoéditer ? Qu’attendez-vous de l’autoédition ?
Dans cet article, je ne vous fournirai pas de réponses toutes faites ni ne vous donnerez le profil-type qu’il faut avoir pour s’autoéditer. Je préfère vous inviter à réfléchir, à vous questionner sur vos motivations et jusqu’où vous êtes prêt-e à aller pour vos livres. J’aimerais aussi abattre quelques fausses idées qui persistent encore et qui entretiennent la mauvaise réputation de l’autoédition.
À lire aussi : 5 fausses idées sur l’autoédition
En outre, je préfère vous prévenir avant de commencer : il est fort probable que certains ou certaines d’entre vous me trouveront dure dans mes propos. Pour ma défense, j’aimerais vous rappeler que l’autoédition n’est pas quelque chose de futile ou de fantasque. Nous sommes des centaines d’auteurs et d’autrices à en avoir fait notre métier et certaines personnes se lancent dans l’autoédition les mains dans les poches. Ce qui nous porte énormément préjudice à nous qui souhaitons faire les choses avec autant de professionnalisme que des éditeurs et qui cherchons à nous faire reconnaître comme de véritables professionnel-le-s du livre.
C’est bon ? Vous êtes prêt-e ? Accrochez-vous à vos chaussettes, parce que je n’ai pas l’intention de vous épargner ! 😉
Êtes-vous prêt-e à essuyer les critiques et les refus ?
Il est vrai que cette question ne se pose pas que dans le cadre de l’autoédition, mais dès que l’on souhaite proposer ses écrits à un plus large public que nos amis et notre famille. En somme, dès que l’on souhaite confronter son texte à l’avis du public. Toutefois, je crois qu’elle a tout de même son importance dans ce contexte.
Quand on s’autoédite, on est souvent seul-e face au public et affronter les critiques parfois acerbes de certaines personnes n’est pas évident, surtout si on est seul-e à porter son livre.
Les refus auxquels je fais allusion dans la question sont ceux des chroniqueurs et des libraires qui rejetteront votre livre juste parce qu’il est autoédité, mais aussi toutes les personnes qui dénigreront votre travail juste parce que vous vous autoéditez. Beaucoup de personnes considèrent encore que l’autoédition ne regroupe que le rebut de l’édition et les hurluberlus qui n’ont aucun respect pour les règles éditoriales, littéraires, etc.
Et, honnêtement, c’est dur de faire face à tous ces jugements (justifiés ou pas) lorsque l’on n’a pas d’éditeur qui nous porte et nous supporte.
Qu’attendez-vous d’une publication, qu’elle soit à compte d’éditeur ou en autoédition ?
J’aimerais, dans un premier temps, vous dire que si c’est pour la richesse et la gloire ou pour générer un revenu passif pour vivre la vie de vos rêves et passer votre temps à voyager, vous avez choisi la mauvaise voie. Autant vous dire que vous avez plus de chances de gagner au lot(t)o que de devenir riche et célèbre avec l’écriture. Pour un Marc Levy ou une Amélie Nothomb, il y a des millions d’auteurs et d’autrices dans le monde qui triment, qui doivent prendre un emploi alimentaire pour pouvoir payer les factures ou, pour les plus chanceux, qui parviennent à se dégager à peine de quoi vivre.
Et donc, est-ce pour : offrir votre livre au public pour avoir des retours ? Partager votre récit, votre expérience ou votre expertise sans rien attendre de particulier ? Est-ce pour (essayer de) vivre de votre écriture ? Etc.
Cette question peut vous permettre de vous orientez sur le mode de publication à choisir, mais aussi sur la manière de vous comporter en tant qu’autoédité-e.
Pour ma part, l’une des raisons pour lesquelles j’ai opté pour l’autoédition est que je voulais confronter mes écrits au public pour pouvoir m’améliorer plus vite en tant qu’écrivaine.
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Hésitez-vous entre le compte d’éditeur et l’autoédition ?
Il y a des avantages et des inconvénients dans les deux modes d’édition. Par exemple :
Les avantages du compte d’éditeur sont que vous n’aurez rien à débourser, que toutes les démarches et tout le travail éditorial sera fait par l’éditeur (vous pourrez vous concentrer sur votre prochain livre), de nombreuses portes vous seront ouvertes, etc.
Les inconvénients sont que ce mode d’édition reste incertain (le démarchage est long et vous ne serez jamais assuré-e de finir par trouver un éditeur) ; vous aurez très peu (voire pas du tout) de liberté de communication et de maîtrise de votre image et de celle de votre livre ; quoi qu’il arrive l’éditeur a toujours le dernier mot sur la mise en page, la couverture et la 4e de couverture, et ce, même si vous n’êtes pas du tout d’accord avec ses choix ; le statut d’artiste-auteur est déplorable et ne vous garantit même pas une couverture santé ; les revenus sont annuels 99 % du temps ; etc.
Les avantages de l’autoédition sont que vous n’aurez pas à attendre des mois avant d’avoir une réponse de la part de qui que ce soit, quand vous aurez décidé de publier votre livre, vous pourrez le faire quand bon vous chantera ; vous restez propriétaire de vos droits d’exploitation et, de ce fait, de votre image et de celle de votre livre ; vous n’êtes pas sous le statut d’artiste-auteur, mais soit sous celui de salarié (si vous gardez un travail salarié en parallèle), soit sous celui d’indépendant qui sont, dans tous les cas, beaucoup plus avantageux et sécuritaires que celui d’artiste-auteur ; le paiement de vos droits seront mensuels ou trimestriels (selon la plateforme de publication choisie) ; etc.
Les inconvénients de l’autoédition sont que vous devrez vous occuper de tout vous-même ou faire appel à des prestataires (et donc les payer de votre poche) ; certaines portes se fermeront ; vous devrez assumer toutes les casquettes de la chaîne du livre (vous aurez donc moins de temps pour écrire) ; si vous avez un problème juridique à régler, vous serez seul-e, vous ne pourrez pas compter sur le service juridique ou l’avocat de votre maison d’édition ; etc.
À lire aussi : Les différents modes d’édition
Dans quelle démarche s’inscrit votre autoédition ?
En 5 ans, j’ai eu la possibilité de croiser beaucoup de personnes qui se sont autoéditées et j’ai pu identifier 4 démarches générales :
- La démarche freestyle : les personnes qui s’autoéditent dans le seul but de partager leur art et d’en rester les seuls maîtres et maîtresses. En général, il s’agit d’ailleurs davantage d’autopublication que d’autoédition. Ces personnes travaillent très peu, voire pas du tout leurs textes parce qu’elles veulent offrir du « brut de décoffrage ».
- La démarche bouteille à la mer : les personnes qui s’autoéditent en espérant être un jour repérées par un éditeur (ou celles qui se sont faites refoulées par des éditeurs qui les redirigent vers certains services pour pouvoir se faire de l’argent sur les manuscrits refusés et les surveiller, au cas où…
- La démarche tranquille : les personnes qui veulent juste offrir leurs textes au public sans se prendre la tête avec un éditeur et qui ne cherchent ni la reconnaissance, ni la gloire ou qui le font pour arrondir leurs fins de mois.
- La démarche sérieuse : les personnes qui veulent vivre de leur plume. Ces personnes-là sont ce que l’on appelle les « indies » ou les auteurs et autrices indépendantes.
Avez-vous conscience que l’autoédition est réglementée par la loi et que l’on ne peut pas faire n’importe quoi ?
Avant d’être le parangon de la culture, un outils qui prouve votre expertise ou un partage d’une tranche de votre vie, un livre est d’abord un objet défini et réglementé par la loi.
Ainsi, quelle que soit votre démarche, vous devrez respecter ces lois sous peine d’une part de sanctions (un refus de dépôt de légal, en France, va jusqu’à 75 000€ d’amende), d’autre part d’être décrédibilisé-e et classé-e parmi les auteurs et autrices fantoches à éviter.
À lire aussi : Les mentions légales à faire figurer dans un livre
Ensuite, il y a la question de la déclaration des revenus issus de l’autoédition qui, elle aussi, suit des règles précises. La micro-entreprise, en France, n’est pas un statut miracle qui nous autorise à faire ce que l’on veut.
J’ai encore croisé cet argument très récemment dans un groupe Facebook : la personne prétendait que, comme il n’y avait aucun cadre juridique et fiscal autour de l’autoédition, on était libre de faire ce que l’on voulait.
Or, c’est totalement faux. En effet, l’autoédition est réglementé par les mêmes règles que l’édition de livre, car un-e autoédité-e est considéré-e aux yeux de la loi comme un éditeur.
EDIT du 20/09/24 : Depuis le 1er janvier 2021, il n’est plus autorisé de créer de micro-entreprise pour exercer son activité d’autoédition. Il faut obligatoirement souscrire au régime artiste-auteur en s’inscrivant à l’Agessa.
Plus d’info : entreprendre.service-public.fr
Êtes-vous prêt-e à suivre ces règles, même si elles sont contraignantes ?
Si vous ne vous sentez pas capable de respecter ces lois ou que vous n’avez pas envie de vous prendre la tête avec tout ça, alors, malheureusement, l’autoédition n’est pas faite pour vous.
Ou alors il faut que vous trouviez quelqu’un qui puisse vous accompagner dans toutes les démarches obligatoires que demandent la publication d’un livre.
Êtes-vous prêt-e à vous impliquer un minimum dans l’élaboration d’un livre de qualité ?
Comme évoqué dans l’article Quel est le réel coût de l’autoédition ?, pour ne pas passer pour un amateur ou une amatrice et éviter de participer à la mauvaise réputation de l’autoédition (comme quoi un livre autoédité est toujours médiocre par son contenu et sa mise en forme), un minimum de sérieux est de rigueur.
Il s’agit aussi d’une question de respect de votre lectorat et de respect de vous-même. N’oubliez pas qu’un livre que vous autoéditez participe à votre réputation d’auteur ou d’autrice et qu’un travail bâclé est loin de vous faire bonne presse.
Récemment un youtubeur a encore déclaré qu’il arrêterait de lire des auteurs et autrices autoéditées à cause de la qualité médiocre des écrits et des mises en page : https://youtu.be/Mb0gVcUlOdQ.
Dans le cas où vous souhaitez devenir un-e indépendant-e, êtes-vous conscient-e de tout ce que cela implique ?
S’autoéditer dans le but de vivre de sa plume implique beaucoup de choses telles que :
- le respect de la loi par rapport au livre, mais aussi par rapport à votre statut juridique, vos impôts, votre activité professionnelle, etc.
- le respect des normes éditoriales
- un minimum d’investissement financier pour faire les choses correctement
- beaucoup d’investissement personnel pour vendre vos livres (oui, il y a un public pour chaque livre, mais, avec la saturation du marché à l’heure actuelle, vous ne pouvez pas juste publier votre livre et attendre que votre lectorat le trouve)
- etc.
En bref, il faut se comporter en entrepreneur/entrepreneuse plus qu’en artiste et faire les choses sérieusement.
J’ai aussi envie de vous rappeler que lorsque l’on devient un-e indie, on rentre dans une sorte de « corps de métier ». Ce qui signifie que nous sommes tous dans le même bateau et que si plusieurs d’entre nous produisent des ouvrages de piètre qualité, c’est la réputation du métier tout entier qui en pâti et pas seulement la vôtre.
Avez-vous des personnes de votre entourage pour vous soutenir ?
Devenir une autrice ou un auteur indépendant, c’est difficile. On est souvent confronté au doute, à l’échec, aux critiques, aux rejets, aux coups durs, etc. Il faut déjà avoir un moral d’acier quand tout va bien, mais quand ça ne se passe pas vraiment comme prévu, il est facile de perdre pied, de se démotiver, voire de déprimer. C’est pour ça qu’il est nécessaire d’être bien entouré-e, d’avoir des proches, ainsi que des lecteurs et des lectrices qui vous soutiendront quoi qu’il arrive et seront là pour vous mettre des coups de pied au derrière quand vous procrastinez trop ou pour vous faire de gros câlins quand ça va mal.
L’autoédition est une aventure extraordinaire à bien des égards, mais c’est loin d’être un parcours de santé. Il faut s’accrocher, persévérer pour que ça marche et parfois aller à contre-courant. C’est épuisant et c’est dans ces moments-là qu’on a besoin de soutien (et de café, de beaucoup de café !).
Quelle est votre conclusion ?
Après vous être posé toutes ces questions, il est temps que vous en tiriez vos conclusions : alors, pensez-vous que l’autoédition soit faite pour ?
J’espère ne pas vous avoir déprimé-e avec mes propos, mais je pense qu’il est important de présenter la réalité de l’autoédition.
Afin que vous puissiez réfléchir à tout ça à tête reposée, je vous invite à télécharger le questionnaire reprenant les interrogations soulevées dans cet article, d’y répondre une fois que vous aurez digéré tout ce que je vous ai dit et d’en tirer vos conclusions :
- Non, tout compte fait l’autoédition n’est pas faite pour moi
- Oui, l’autoédition est faite pour moi, mais…
- Oui, je suis plus motivé-e que jamais à devenir un-e indie !
Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui !
J’espère sincèrement que cet article vous aura aidé à voir plus clair 🙂