Aujourd’hui, on va parler des familiers dans la pratique magique.
Ne vous y trompez pas, ils sont davantage que les simples compagnons à poils, à plumes ou à écailles des thaumaturges. Ils ont un réel rôle à jouer dans la pratique de la Magie.
Les familiers ont pour origine les daemons de Socrate qui étaient, d’après le philosophe, des esprits gardiens qui guidaient les gens. Avec le temps, le sens a glissé du concept d’esprits gardiens vers celui de compagnons magiques (ou surnaturels).
Un familier n’est pas à la botte de celui ou celle avec qui il est lié, comme c’est le cas pour un golem ou un zombie, par exemple.
En somme, un familier est une sorte d’écuyer magique.
Ces créatures sont liées magiquement à leur thaumaturge et leur servent dans leur pratique de la magie. Elles peuvent avoir plusieurs buts :
- ajouter un ou des pouvoirs particuliers : chaque créature, magique ou non, possède des caractéristiques qui peuvent se transmettre à leur thaumaturge sous forme d’un pouvoir précis. Par exemple : un chat apporte une meilleure vision nocturne, une chouette apporte un meilleur discernement, une licorne apporte une meilleure santé, etc.
- guider, conseiller ou épauler : certains familiers permettent d’avoir une paire de bras supplémentaire pour un sort et font alors office d’assistant, d’autres acquièrent sagesse et connaissances en gagnant le statut de familier, etc.
- augmenter la puissance magique de leur thaumaturge : se lier avec une autre créature peut offrir au thaumaturge un surcroît de puissance magique.
- stocker de l’énergie magique : les familiers peuvent, dans certains cas, servir de batterie de secours en emmagasinant de l’énergie magique (le mana).
- servir d’intermédiaire entre les thaumaturges et la Magie ou les divinités : parfois, les thaumaturges ont besoin de se lier avec une créature magique pour pratiquer la Magie. Leur familier leur sert alors de lien avec la Magie ou avec la ou les divinités qui leur accordent leurs pouvoirs.
- servir de messager
- protéger les thaumaturges
- …
La relation qui s’établit entre les thaumaturges et leur familier est réciproque. Il n’est pas question de servitude ou de simple compagnonnage. Le lien qui les unit est fort, unique et, surtout, magique.
Ces familiers peuvent prendre différentes formes et être d’essences différentes. Ce peuvent être des animaux normaux ou magiques, comme des esprits incarnés ou non. Cela dépend des univers. Par exemple, ce peuvent être :
- des animaux normaux comme des chats, des chouettes, des corbeaux, des chauves-souris, des serpents, des crapauds, des rats, des araignées, des dauphins, des mantes religieuses…
- des créatures magiques comme des licornes, des dragons, des griffons, des fées, des diablotins, etc.
- des créatures issues d’autres plans comme des démons…
- des créatures créées de toutes pièces par les thaumaturges grâce à un rituel
- des créatures créées par la ou les divinités tutélaires des thaumaturges
- des égrégores (v. article Ce que l’on crée avec de la Magie) ou des esprits comme des ancêtres ou d’autres thaumaturges, incarnés ou pas. Ces esprits peuvent s’incarner dans des animaux, des créatures magiques ou des objets.
- des parties de l’âme des thaumaturges
Il n’y a pas vraiment de règles concernant la durée de vie des familiers ou du nombre de familiers que les thaumaturges peuvent avoir en même temps ou dans une vie. Cela dépend des univers, des personnages, des familiers, des situations…
Parfois un même familier accompagne le même thaumaturge de la naissance à la mort.
Parfois la thaumaturge peut avoir plusieurs familiers en même temps, chacun ayant un rôle précis dans sa pratique.
Parfois la vie du familier et celle du thaumaturge sont liées : si l’un meurt, l’autre aussi.
Parfois le familier de la thaumaturge a la même durée de vie qu’un animal de compagnie normal et elle en aura plusieurs dans sa vie.
Parfois un familier a une durée de vie très longue, voire est immortel, et se lie à plusieurs thaumaturges au fil de sa vie.
Parfois un familier se lier à plusieurs thaumaturges à la fois. Je pense, par exemple à des esprits de famille qui sont liés à plusieurs membres d’une même famille ou lignée en même temps.
Obtenir un familier
Se lier à un familier peut être, dans certains cas, une étape dans l’initiation et l’apprentissage de la Magie.
Il y a plusieurs manières d’obtenir un familier : la naissance, l’appel, l’invocation, la création, la malédiction, la bénédiction, la dévotion et la rencontre fortuite.
Bien entendu, dans le cas des appels, des invocations et des créations, plus les rituels sont puissants et plus le familier sera puissant également.
La naissance
Il y a trois grands cas de figure :
- la naissance simultanée : certains familiers naissent en même temps que les thaumaturges auxquel-les ils sont rattachés. Par exemple, un matagot qui viendrait au monde en même temps que sa sorcière.
- Le rattachement d’un esprit de famille : la naissance du thaumaturge au sein d’une lignée lui permet de se lier automatiquement au familier ancestral.
- l’apparition du familier à partir de la conscience ou de l’âme du ou de la thaumaturge : au moment de la naissance des thaumaturges, un morceau éthéré d’eux-même s’incarne en-dehors de leur propre corps (cf. les daemons de À la Croisée des Mondes de Philip Pullman)
En général, ces familiers vivent aussi longtemps que leur thaumaturge et est leur seul compagnon pour toute la vie.
L’appel
Il s’agit ici de pratiquer un rituel afin d’émettre une onde magique suffisamment forte pour qu’elle soit émise sur une certaine distance afin d’appeler un animal ou une créature magique prête à s’associer avec le ou la thaumaturge pratiquant l’appel. La distance couverte par ce sort dépend des règles de l’univers concernés : parfois il s’agit juste de quelques mètres, parfois elle peut couvrir des centaines de kilomètres. Une fois que le familier a perçu l’appel, il rejoint son ou sa thaumaturge pour se lier ensemble.
L’appel peut être pratiqué par les thaumaturges comme par les familiers, cela dépend, encore une fois, de l’univers considéré.
L’appel en lui-même peut prendre différentes formes :
- une simple formule
- un rituel complexe demandant des composantes particulières
- un cri du cœur qui ne sera perçu que par la créature, familier ou thaumaturge, à qui la partie en détresse est destinée. Par exemple, dans mon univers, les Loups Blancs hurlent pour trouver la personne avec qui se lier et seule elle peut entendre ce hurlement.
L’invocation
L’invocation est un rituel qui vise à appeler un familier venant d’un autre plan. Dans ce cas-ci, le lien qui unit les familiers et leur thaumaturge relève du pacte, plus que du coup de foudre.
À lire aussi : Les plans d’existence
La création
Un familier peut être créé de toutes pièces grâce à un rituel.
La création d’un familier demande du temps, de l’expérience et de la précision : on crée une créature qui est elle-même complexe et durable. C’est un processus complexe qui requiert des composantes précises, parfois rares, parfois puissantes. Il se pourrait même qu’un morceau du ou de la thaumaturge soit nécessaire. Un morceau physique, comme des cheveux ou du sang, ou un morceau spirituel comme une partie de l’âme.
La malédiction
Il est possible d’hériter d’un familier suite à une malédiction (ou d’un sort raté).
Dans ce cas-là, les familiers ont été liés aux thaumaturges par une tierce partie (divinité, autres thaumaturges, transgression de sort de protection, etc.) et toujours contre la volonté des thaumaturges, pas toujours contre celle des familiers.
Dans le cas d’une malédiction, le but est, évidemment, de nuire aux thaumaturges. Le familier peut ainsi contrecarrer la pratique de la Magie de sa ou son thaumaturge, l’espionner, l’affaiblir, évincer l’ancien familier, etc.
Par exemple, dans la BD Nelson de Christophe Bertschy, Nelson est un diablotin envoyé sur Terre pour punir Julie d’avoir volé un rouleau de papier-toilette à son travail. Il a pour mission de lui pourrir la vie. Cependant, il n’est pas si méchant… — Une BD très drôle et divertissante que je vous conseille chaudement !
Dans le cas d’un sort raté, un lien magique peut se créer accidentellement entre une créature et un-e thaumaturge.
Notez que la malédiction peut s’appliquer uniquement sur les familiers et pas seulement sur les thaumaturges. On pourrait imaginer une créature déchue qui serait contrainte de devenir un familier en guise de punition. Pensons à Salem dans Sabrina, l’apprentie sorcière.
Elle peut s’appliquer aussi sur la paire familier-thaumaturge en inversant leur rôle par exemple.
La bénédiction
À l’inverse de la malédiction, les familiers et les thaumaturges peuvent également recevoir une bénédiction de la part d’une tierce partie (divinité, autre thaumaturge, lieu sacré, etc.).
Cette bénédiction peut être un coup de pouce de la part d’une divinité pour accomplir une quête spécifique, un cadeau de la part d’un-e autre thaumaturge, une récompense de la part de la hiérarchie de la ou du thaumaturge, etc.
La dévotion
Les thaumaturges qui se mettent au service d’une divinité peuvent recevoir un familier de la part de cette dernière pour les aider à accomplir les tâches qui leur seront confiées.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une bénédiction puisque le familier sert davantage d’équipier désigné d’office que de compagnon.
Les familiers obtenus par dévotion sont soit des créatures créées directement par les divinités, soit des animaux dans lesquels on a insufflé une étincelle divine pour lui offrir des pouvoirs, la parole, etc.
Ces familiers ont des missions très précises et sont davantage fidèles aux divinités qu’elles servent qu’aux thaumaturges auxquel-le-s ils sont rattachés. Ils doivent :
- épauler leurs thaumaturges dans les tâches et quêtes confiées par les divinités
- surveiller les thaumaturges
- être le lien entre les thaumaturges et la ou les divinités, parfois le familier est le seul dépositaire de la magie divine et les thaumaturges ont besoin d’eux pour la pratiquer (dans le cas de la magie divine, les thaumaturges usent des pouvoirs des divinités qu’ils et elles prient et non de pouvoirs personnels)
La rencontre fortuite
Aussi appelée le Destin ou le Hasard…
Il est parfaitement possible de rencontrer son familier par hasard, au détour d’un sentier, ou d’un confessionnal comme pour Gwendoline et Xemerius dans La Trilogie des Gemmes de Kerstin Gier.
Cette rencontre n’est pas toujours un coup de foudre et, s’il y a coup de foudre, il n’est pas toujours réciproque. La rencontre en elle-même n’est pas toujours magique non plus.
Parfois, il s’agit juste de soigner un animal trouvé sur le bord d’un sentier. D’autres fois, c’est la rencontre magique de son alter ego dans une clairière, à l’aube et on sait dès que nos yeux se croisent que l’on ne se quittera plus jamais.
Comment défaire le lien entre les familiers et les thaumaturges
S’il est possible de tisser des liens forts et puissants entre familiers et thaumaturges, il est également possible de les rompre. Pour ce faire, il existe plusieurs manières :
- le décès de l’une des parties
- le lien se rompt seul parce que la quête est accomplie, le temps est révolu, la foi est perdue…
- les deux parties sont trop éloignées l’une de l’autre (éloignement physique ; éloignement mental : p. ex. un coma ou la folie ; éloignement spirituel : p. ex. autre plan)
- il y a des désaccords dans le duo et cela brise l’harmonie du lien
- un sort (ou une malédiction qui est levée)
- …
Quelques exemples de familiers
- Les Digimons : on peut considérer que les Digimons sont des familiers car, dans la série, chacun des personnages humains n’a qu’un seul Digimon qui lui est fidèle et fortement lié, à l’inverse de l’univers de Pokemon dans lequel on peut changer à loisir les membres de son équipe.
- Kit, la chatte des trois sœurs Halliwell dans Charmed : dans la série, les sœurs Halliwell ont une chatte pendant un certain temps. On apprend plus tard que cette chatte était leur familier, qu’elle était restée près des sœurs pour les aider à maîtriser leurs pouvoirs et qu’elle les a quittées une fois sa mission accomplie.
- Le livre des Ombres des trois sœurs Halliwell dans Charmed : on peut considérer le grimoire des sœurs Halliwell comme une sorte de familier ancestral. En effet, on peut le voir comme un égrégore qui serait incarné dans le livre.
- Dans l’excellent webtoon Muted de Miranda Mundt, les sorcières invoquent des démons mineurs comme familiers. Chaque famille a ses familiers propres : les Severin invoquent des oiseaux, les Leroux des démons végétaux, les Lacour des alligators, etc.
- Casita dans Encanto peut aussi être vue comme un familier, à l’instar du Livre des Ombres des sœurs Halliwell
- Archimède, le hibou qui accompagne Merlin dans le film de Disney Merlin l’enchanteur
- Dans Engrenages et sortilèges d’Adrien Tomas, Cyrus est accompagné d’un chat au mauvais caractère.
- Dans ma série Neph et Shéa, les familiers se lient à leur thaumaturge en fonction de la magie qu’ils et elles pratiquent et de leur Destin.
- Un épisode complet de la série Princesse Sofia — notez mes références de qualité… — explique que le rôle d’un familier est d’épauler les magiciens, magiciennes, sorcières et sorciers dans la confection de potion (en apportant les bons ingrédients au bon moment), en tournant les pages des grimoires pendant les incantations, en aidant à tenir l’atelier de magie propre et ordonné, etc.
- les matagots, je vous invite à lire l’article à leur propos : Le matagot, le compagnon de la sorcière
- Les danseurs, dans Les Crépusculaires de Mathieu Gaborit.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui !
J’espère que cet article vous a plu et vous a appris des choses.
Une réponse à “Les familiers en Magie”
J’ai pensé à une autre possibilité : le familier comme créature créée en éprouvette ou génétiquement altérée (éventuellement après sa naissance) par le thaumaturge ou l’un de ses alliés, voire un ancêtre, à l’aide de la magie. Après tout, pourquoi forcément que des histoires de vengeance ou de perte de contrôle dramatique ? J’ai d’ailleurs inclus cette idée dans mon principal projet de roman SF fantastique.