Un univers fantasy est-il de fait un univers medfan ?

C’est un raccourci que l’on fait souvent.

C’est pourquoi, dans ce 3e épisode, je tenais absolument à clarifier une idée reçue : un univers fantasy n’est pas, de fait, un univers de medieval fantasy.

Quand je parle de la création d’univers sur les réseaux sociaux, une remarque revient régulièrement : « On en a marre des univers medfan ! »

Même si ce n’est pas toujours dit en ces termes, l’idée est la même.

C’est d’ailleurs un thread que j’ai reçu en réponse à l’une de mes publications sur Twitter — quand ce réseau s’appelait encore Twitter — qui m’a rappelé qu’il était important que j’éclaircisse ce point.

Il est vrai que le Moyen-Âge est une très grande source d’inspiration pour la Fantasy car les récits de cette époque, aussi bien les épopées que les romans courtois, regroupent les archétypes de personnages, le bestiaire et les thèmes qui sont chers à la Fantasy moderne. C’est également à cette époque que nous parviennent les retranscriptions des mythes et légendes nordiques et celtiques. En outre, les contes de fées ont aussi pris racines durant cette période, même si ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que l’on commence à les poser sur papier, abandonnant ainsi la transmission orale. Le Moyen-Âge est donc l’une des sources principales d’inspiration pour les auteurs et autrices de Fantasy, il n’est donc pas étonnant que cette période se retrouve sous une forme phantasmée dans nombre d’œuvres de ce genre, pour ne pas dire dans la majorité des œuvres du genre.

Le Moyen-Âge est d’ailleurs une telle source d’inspiration pour la Fantasy que les éditions ActuSF en ont fait tout un livre — remarquable soit dit en passant — sur le sujet de l’influence majeure de cette période historique sur la Fantasy.

Précisons également que nous, auteurs et autrices, avons tendance à nous inspirer mutuellement. Ainsi chacun et chacune d’entre nous a tendance à se baser — consciemment ou non — sur ce qui a été créé précédemment, mais surtout sur les œuvres marquantes de la fantasy. Ces œuvres-là se déroulant principalement dans un monde médiévalisant. Nous parlons bien sûr du Seigneur des Anneaux de Tolkien, La Source du bout du monde de William Morris — ce dernier étant considéré comme le père de la Fantasy moderne —, L’Épée brisée de Poul Anderson, Le Monde de Narnia de C.S. Lewis, La Fille du roi des elfes de Lord Dunsany, L’Épée dans la pierre de Terence Hanbury White (dont le film d’animation de Disney Merlin l’Enchanteur est l’adaptation), etc.

Cependant, la Fantasy ne se limite pas qu’à l’imaginaire médiéval et ne peut pas se limiter à ça. Le genre de la Fantasy est le genre-même de l’imagination. C’est le seul genre où tout est permis.

Un univers fictif en fantasy peut se dérouler dans n’importe quel cadre spatio-temporel, à n’importe quelle échelle et à n’importe quelle époque.

Des fourmis avec des pouvoirs psioniques sur notre Terre à notre époque, c’est un univers fantasy.

Des dragons spationautes dans un futur lointain, c’est de la fantasy.

Des hommes et femmes de Néandertal pratiquant la magie, c’est de la fantasy.

Il est vrai que lorsque l’on dit “fantasy”, on pense Tolkien, Donjons et Dragons, World of Warcraft, Game of Thrones, Narnia… qui sont tous des univers medfan.

Mais c’est aussi oublier :

• Harry Potter qui se déroule au XXIe siècle,
• Conan le Barbare qui prend place à la fin du Paléolithique supérieur,
• Guild Wars 2 qui mélange les époques,
• Full Metal Alchemist qui se déroule dans une époque qui ressemble très fort à la Seconde Guerre mondiale,
• Stranger Things qui glorifie les années 80.

Donc, non, la fantasy et le worldbuilding ne se limitent pas qu’au Moyen-Âge et à la Renaissance.

J’aimerais conclure cet épisode en vous rappelant qu’il est aussi important de préciser que l’Europe et l’Occident en général ne doivent pas non plus être vos seuls terrains de jeux littéraires. Le monde et l’Histoire regorgent d’idées et d’inspirations dans lesquelles nous aurions tort de ne pas aller piocher.