Comment évaluer la qualité de votre univers ?

On me contacte de temps en temps pour me demander mon avis sur des univers construits ou en cours de construction.

Aujourd’hui, je voudrais donc vous expliquer comment vous pouvez évaluer la “qualité” de votre univers.

En général, lorsque l’on me contacte pour donner mon avis sur un univers, on me demande si je peux lire la bible ou le début de bible de l’univers et d’évaluer :

• l’originalité de l’univers
• la cohérence
• si l’univers est immersif/intéressant
• s’il est prometteur

Même si je ne réponds pas aux demandes que l’on m’envoie, je ne veux pas vous laisser sans pistes de réflexion non plus. Voici donc quelques astuces pour vous aider à évaluer votre univers :

1. Mettez votre univers en scène

Je crois que c’est le conseil que je donne le plus : pour savoir si votre univers tient la route, s’il est immersif, intéressant et original, vous devez le raconter.

Il n’est pas nécessaire d’écrire un récit en 12 tomes pour évaluer chaque aspect de votre univers, de petites histoires (des nouvelles, des anecdotes, des légendes…) suffisent. En général, on les rédige lorsque l’on arrive à l’étape de la création du “lore” (l’Histoire avec un grand H) de notre univers. Ces très courts récits (parfois de simples anecdotes d’un ou deux paragraphes) permettent justement de relier les éléments entre eux et de leur donner vie.

Ce procédé permet de tester :

• la cohérence des éléments créés et la vraisemblance de l’ensemble (est-ce que les liens sont logiques et fluides ou incongrus et forcés ?)
• notre capacité à transformer des informations “empiriques” en récits immersifs (ce ne sont pas les éléments d’un univers qui le rend ou non immersif, mais notre manière de les raconter)
• l’originalité de notre univers (la vraie originalité ne tient pas dans la globalité, mais dans les détails et dans notre manière de les exploiter)
• notre plaisir à voyager dans cet univers que nous avons créé

N’hésitez pas à faire lire vos petites histoires à d’autres personnes pour leur demander leur avis.

2. Créez ce qui vous plait à vous et pas aux autres

Comme je l’ai dit dans le point précédent, il est très important que vous créiez ce que vous avez envie de créer.

Pas ce qui plait aux autres ou ce que vous croyez qui plaira aux autres.

Le plaisir de créer ce que l’on aime et de naviguer dans un monde qui nous parle est un détail non négligeable.

Si l’on a créé un monde dans lequel on n’est pas à l’aise ou qui ne nous plait pas, on ne trouvera jamais le courage de travailler dedans.

3. Parlez-en avec d’autres personnes

Ici, il n’est pas vraiment question de demander l’avis des autres, mais plutôt de raconter à voix haute ce que l’on compte mettre dans son univers.

Cela nous force à organiser nos pensées pour les traduire en propos intelligibles et nous oblige à exprimer de manière claire les liens logiques entre les éléments.

Comme nous organisons nos pensées, nous pouvons ainsi plus facilement discerner les points qui méritent d’être revus, corrigés, approfondis ou fixés.

Ensuite, s’entendre expliquer à voix haute nous permet aussi de nous faire une opinion plus nette de ce que l’on veut créer. Combien de fois ne nous sommes-nous pas déjà dit « Tiens, quand je le dis tout haut, ça sonne bizarre. »

Ou bien : « En fait, ça sonne trop bien hors de ma tête ! »

Parler de son projet et son univers à d’autres personnes permet aussi de lui donner corps, de le rendre plus réel d’une certaine manière.

Et on doute moins de ce qui nous semble réel.

4. Ne vous prenez pas trop la tête

Il n’est pas nécessaire de créer un univers hyper-complet et complexe, plein de détails plus ou moins inutiles, pour qu’il fonctionne et plaise à votre lectorat, ni même pour qu’il soit original.

Rappelez-vous cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry : « Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher. »

Faites simples, mais surtout créez ce qui vous plaît.

5. Ne créez pas juste pour le succès

Parmi les questions que je croise le plus, il y a celle du succès éditorial : Est-ce que mon univers plaira aux maisons d’édition ? Est-ce qu’il est “vendeur” ?

Comme je l’ai expliqué plus haut, on ne se rend compte de la qualité d’un univers qu’une fois qu’il est raconté. Les bibles n’intéressent personne, encore moins les maisons d’édition. Stéphane Marsan (aussi polémique que soit le personnage) avait raison lorsqu’il déclarait en novembre 2017 au magazine Le Point Pop :

« Je suis toujours ravi qu’on vienne me pitcher un livre sur un festival, car, pour moi, ça compte beaucoup d’arriver à parler très brièvement d’un projet. Je recherche principalement de la fantasy et j’attends plus une bonne histoire qu’un univers. Souvent on me dit : C’est un univers où…, alors que moi je veux une histoire avec des enjeux, des personnages. Je ne recherche pas quelque chose d’original stylistiquement parlant, mais j’ai besoin que ce soit bien raconté. Je cherche quelqu’un de clair et qui sait ce qu’il raconte. Pour moi, c’est l’histoire qui emmène le lecteur dans l’univers et pas l’inverse. »

Ainsi, si vous souhaitez savoir si votre univers a le potentiel d’un best seller, finissez d’écrire votre roman, corrigez-le et demandez à vos bêta-lecteurs et lectrices leurs avis quant à leur lecture.