Dans quel ordre doit-on créer les éléments d’un univers ?


Aujourd’hui, je voudrais revenir sur un sujet qui a l’air de vous turlupiner : l’ordre dans lequel créer les éléments d’un univers.

Je dis « vous » parce que, en fait, l’article d’aujourd’hui est une réponse à un email qu’on m’a envoyé cette semaine. Dans ce courriel, l’abonnée me parle de ces difficultés à créer son univers par étape, sans se disperser. En vérité, c’est une question qu’on m’a souvent posée par email ou en commentaires et, en plus, c’est aussi une interrogation que j’ai souvent croisée sur les forums et les groupes Facebook.

Donc, comme c’est un sujet qui peut intéresser pas mal de monde, j’ai décidé d’en faire un article ! wink

Alors, avant toute chose, je rappelle que les explications que je vous donne ne sont que mon point de vue et non une étude sémiotique approfondie de la construction d’un roman

Voici donc ce que j’ai reçu par email :

[…] je ne sais pas vraiment si je dois partir de la création de mon monde (la carte du coup ainsi que son histoire) ou par la création poussée de mes personnages ? Même si je pense que créer mon monde en premier serait plus sûr afin de pouvoir mieux situer les histoires, les capacités, les caractères etc… de mes personnages. Mais je t’avoue que j’ai tendance à m’éparpiller en ne sachant pas trop quoi faire […]

Ce à quoi j’ai envie de répondre : oui… et non !
Je ne sais que ça ne vous aide pas plus que ça ! Aussi, laissez-moi développer.

En fait, de mon point de vue, il existe deux manières différentes de créer un roman — ici, par roman, j’entends histoire + personnages + univers. La première manière que je nomme méthode linéaire et l’autre méthode circulaire.

Les différents éléments à développer

Avant toute chose, je voudrais rappeler les enjeux dont il est question ici : quand on parle des éléments à développer, de quoi parle-t-on exactement ?

Il s’agit, ni plus ni moins que des fameux 4 piliers du roman. C’est-à-dire :

  • L’univers (le cadre physique et temporel dans lequel se déroule le récit)
  • Les personnages
  • L’intrigue
  • Le style

Dans cet article-ci, on ne parlera pas du style puisque c’est quelque chose qui se travaille indépendamment des 3 autres points.

Pour ce qui est de la création d’un univers, je vous renvoie à la partie éponyme du blog, Création d’univers, ainsi qu’à ces deux articles : Création d’univers : introduction, Création d’univers : par où commencer ? et à série à propos de la Création des cartes.

Concernant la création des personnages, j’ai écrit quelques articles : Les fiches de personnages, Le MBTI pour créer ses personnages, Les alignements de Donjons et Dragons 1/2, Les alignements de Donjons et Dragons 2/2 et Les femmes et la fantasy.

Et pour l’élaboration de l’intrigue, je vous invite à jeter un oeil à : La méthode des flocons de neige, Le schéma narratif et Le schéma actantiel (qui permet d’élaborer les relations entre les personnages).

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Voilà, c’était l’instant pub… Que voulez-vous, il faut bien en faire de temps en temps 😁

Je pense qu’il y a suffisamment d’article sur les créations d’univers, de personnages et d’intrigue sur le blog pour ne pas avoir besoin de tout développer dans cet article-ci. — Oui, la série sur la magie arrive 😉

La méthode linéaire

La méthode linéaire consiste à développer chaque éléments de manière indépendante et les uns à la suite des autres. C’est-à-dire qu’on ne passe au suivant que lorsque l’élément que l’on développe est terminé ou qu’on l’estime terminé. La nuance entre « il est terminé » et « je le pense terminé » est très importante car elle est primordiale dans la méthode linéaire, beaucoup moins, dans la méthode circulaire.

méthode circulaire

C’est une méthode que je trouve très fastidieuse parce qu’elle nous oblige à penser à une seule chose à la fois et à ne développer qu’un seul élément à la fois, et ce, jusqu’à la fin. Or, lorsque l’on crée un univers de fantasy (ou de SF), c’est bien connu que l’on est souvent submergé-e par les idées.

Pour parvenir à développer les éléments d’un roman, étape par étape, il faut d’abord beaucoup de discipline et autant de structure. Commencez par définir les éléments à créer et l’ordre dans lequel vous voulez les développer. Alors, sur l’illustration, j’ai mis « univers » et « personnages », mais ce que vous pouvez faire, et ce que je vous conseille de faire, c’est de subdiviser les étapes et de les classerDétaillez les étapes, vous verrez qu’il est beaucoup plus facile de traiter 50 petites étapes que 3 énormes. Par exemple :

Univers :

  • Géographie
  • Magie
  • Histoire
  • Nations
  • Races
  • Cultures

Personnages :

  • Principaux protagonistes
  • Principaux adjuvants
  • Principaux antagonistes
  • Secondaires adjuvants
  • Secondaires antagonistes
  • Les spéciaux (comme les éventuelles créatures magiques qui peuvent aider, ou pas, vos personnages)
  • Les décoratifs

Une fois que vous avez subdivisé ces grandes étapes, il va vous falloir établir un ordre de traitement, que vous suivrez ou pas. Je vous conseille aussi de mélanger les étapes. Par exemple, enchainez les étapes logiques : si vous venez de terminer votre nation Trucmuche, créer les personnages trucmuchiens ensuite.

Vous pouvez aussi commencer par créer toutes les cultures puis les personnages correspondants. Vous êtes libres d’arranger les étapes comme vous le souhaitez, évidemment, mais ne considérez surtout pas que vous devez d’abord créer toutes les facettes de votre univers avant de vous attaquer à vos personnages et/ou à votre intrigue.

Une méthode jumelle de la méthode linéaire est la méthode pyramidale. Elle fonctionne exactement sur le même principe à ceci près qu’on classe les étapes non pas par affinité ou par liens logiques, mais par complexité : on commence par l’étape la plus complexe (en général, c’est la géographie ou la magie) pour finir par la moins complexe. Mais, encore une fois, c’est vous qui définissez la complexité des étapes. Si ça trouve, votre étape la plus complexe c’est la politique et la plus simple, c’est votre géographie.

Les avantages :

  • Le principe de la check-list est assez motivant : une fois que l’élément est développé, on peut le barrer dans sa liste. Le fait de pouvoir se dire « J’ai fini cette étape » permet vraiment d’avoir l’impression d’avancer.
  • Une vision claire de l’avancement de son projet : toujours avec la check-list, on peut voir clairement ce qui est fait et ce qui reste à faire.
  • L’impression d’avancer sur des bases solides : en clôturant une étape, vous aurez la sensation de vous appuyer sur des données concrètes et d’élaborer un projet stable.

Les inconvénients :

  • Le désespoir quand on a une nouvelle idée que l’on veut incorporer à une étape marquée comme terminée : c’est la fameuse différence entre le « J’ai fini ! » et le « Je pense avoir fini ». Il est fort probable que, 9 fois sur 10, vous pensiez avoir terminé le développement d’un élément là où vous vous disiez que vous l’aviez clos. Revenir en arrière pour retravailler un élément que vous ne pensiez pas devoir reprendre, c’est assez démotivant.
  • La lenteur du travail si vous vous astreigniez à vraiment développer vos éléments jusqu’au bout avant de passer à un autre : si vous vous forcez à travailler sur vos différents éléments, les uns après les autres, et que que vous vous retrouviez bloqué-e à un moment sur l’un de vos éléments, vous risquez de vous démotiver face à la lenteur de vos avancées (ou votre stagnation).
  • La frustration de la contrainte… trop contraignante : si vous vous forcez à terminer votre étape sans vous octroyer le droit de prendre des notes pour une autre, non seulement vous allez vous sentir frustrée, mais en plus, vous risquez de perdre des idées, peut-être géniales.

Au regard de tout cela, si vous choisissez cette méthode, je vous conseille de garder une certaine flexibilité dans votre construction. Personne n’est à l’abri d’une nouvelle idée, et ce, quel que soit l’élément qu’elle concerne.

La méthode circulaire

La méthode circulaire consiste à tout développer en même temps et de manière graduelle. C’est-à-dire qu’on traite tous les points de son roman d’un même tenant, au fur et à mesure que les idées viennent. C’est une méthode qui offre la possibilité de se laisser inspirer par les autres éléments du roman.

méthode circulaire

Le développement d’un élément peut inspirer ou compléter le développement d’un autre parce que le second offre une nouvelle perspective à propos du premier à laquelle on n’avait pas pensé de prime abord. En développant un élément, vous pourrez ainsi penser à plein de choses en rapport avec cet élément qui ont un impact sur les autres.

Un exemple de dialogue mental que vous pourriez entretenir avec vous-même lors de la création avec la méthode circulaire :

— Mon personnage porte en permanence du vert. (détails personnages)
— Pourquoi ?
— Il est obligé à cause de son clan et de son âge. (détails cultures)
— C’est quoi le rapport ?
— Mais c’est parce qu’à partir de cet âge-là, il devient un compagnon et son origine clanique doit restée identifiable. (détails cultures)
— Pourquoi ?
— A cause de la loi de surveillance des clans de 451. (détails Histoire et Nations)
— Il s’est passé quoi pour qu’on crée cette loi ?
— La révolte des clans en 448 (détails Histoire et Nations)
— Il s’est passé quoi pendant cette révolte ?
— Les clans ont utilisé une magie interdite (détails Histoire et Magie)
etc. Vous avez compris le principe.

Le principe c’est vraiment de se questionner en permanence sur le moindre petit élément pour en trouver les origines et, ainisi, étoffer les autres. J’aime beaucoup la méthode des 5W’s (Who?, What?, Where?, Why?, When?, How?) que je vous explique dans l’article 10 astuces pour trouver l’inspiration.

Ce qui, concrètement, donne : Qui porte du vert ? Que s’est-il passé pour qu’il porte du vert ? Où porte-t-il du vert ? Pourquoi porte-t-il du vert ? Quand porte-t-il du vert ? Comment porte-t-il du vert ? Votre mission, en tant que créateur, c’est de répondre à toutes ces questions, de continuer à en poser et de continuer à y répondre, et ce, jusqu’à ce que vous n’ayez plus ni questions, ni réponses.
C’est vrai qu’on se retrouve vite avec une quantité hallucinante de questions, puisque chaque réponse engendre 6 questions, systématiquement. Cela permet d’avoir un univers très dense, mais il est aussi très facile de se perdre dans toutes les données qu’on finit par avoir. C’est pour ça que je vous conseille de régulièrement prendre le temps de faire le point sur les données que vous avez collectées, de les trier (parce qu’elles ne sont pas toutes bonnes à garder) et de les arranger en textes adressés à des tiers, cela vous obligera à clarifier vos idées.

Pour parvenir à gérer le développement des éléments de votre roman en suivant cette méthode, il faut de l’organisation. Même s’il n’est pas question ici d’établir un ordre de traitement des éléments, il faut tout de même que vous décomposiez les étapes de la même manière que pour la méthode linéaire.

Une fois que c’est fait, créez des « fiches », que ce soit des documents word sur votre ordinateur ou des intercalaires dans un classeur, créez-les. L’important quand vous démarrez n’est pas de les remplir immédiatement, mais qu’elles soient là, prêtes à recevoir les réponses que vous obtiendrez avec les 5W’s.

Pour vous illustrer mon propos, je vous donne un cas pratique, le mien wink (c’est celui que je connais le mieux) :

Dès que j’ai eu mon idée de roman en mars 2014, j’ai créé un dossier Tell’Andra dans mon cloud (j’utilise Dropbox si ça vous intéresse), puis j’ai créé les documents Bestiaire, Magie, Personnages, Nations et Généralités. J’ai commencé par remplir le document Généralités avec tout ce que je savais déjà sur mon monde en y mettant une sorte de structure (géographie, nations/peuples, plan général de l’intrigue…). C’était mon fourre-tout d’idées sur tous les sujets. D’ailleurs, j’avais son jumeau sous forme de carnet que je trimballais partout et qui me permettait de prendre des notes, même au boulot sous le nez de mon chef (de toute manière, je prends toujours des notes pour tout et n’importe quoi donc ça n’a jamais paru suspect à personne que j’écrive dans mon inséparable carnet. Mais ceci est une autre histoire…).

Dès que les idées commençaient à s’affiner, je les reportais dans les documents idoines en développant les idées pour qu’elles deviennent des concepts et, enfin, des bases solides (c’est un peu le même principe que la méthode des flocons).

De même, si vous prenez des notes à la va-vite, prenez toujours la peine, une fois que vous êtes au calme, pour les retranscrire dans un langage plus compréhensible. Parce que, quand vous ouvrez votre carnet une semaine plus tard, le gribouillis « CdM → Fête des crêpes » n’aura plus aucune signification pour vous. — oui, c’est du vécu… 😐

C’est cette méthode que j’applique pour la création de mes romans. Alors, je sais que je vous ai peut-être donné l’impression d’appliquer une méthode linéaire puisque je vous fais des séries d’article par thème (les cartes, les armes, la magie…) et que je ne mélange pas tout ça. La raison est assez simple : je ne travaille pas les séries d’articles comme des romans. Ici, il ne s’agit pas d’inventer, mais de synthétiser des documents. La démarche et le travail sont très différents.

Les avantages :

  • Pas de limite dans la création : on prend les idées comme elles viennent et on les notes sans restrictions.
  • Quand une étape est finie, elle est vraiment finie : grâce aux 5W’s, on est capable de développer nos éléments jusqu’au bout. Donc, en général, quand on a l’impression qu’un développement est terminé c’est, en général, parce qu’on a plus rien à dire dessus ou qu’on a décidé qu’il n’y avait pas d’intérêt à aller plus loin.
  • Ça donne souvent des univers plus complets qu’avec la méthode linéaire.
  • Quand on se retrouve bloqué-e sur un élément, on peut toujours aller en travailler un autre en attendant de se débloquer.

Les inconvénients :

  • On peut vite se perdre dans ce monceau d’idées non-ordonnées.
  • On ne sait jamais où en est dans la création de notre roman : on traite tellement de données en même temps qu’on est pas vraiment capable de donner un véritable état d’avancement de notre projet, et ce, même si on a conscience qu’il avance.
  • Il faut beaucoup de rigueur pour ne pas se laisser happer par le nombre important d’idées qui arrivent parfois toutes en même temps.

Si vous optez pour cette méthode, je ne peux que vous conseiller d’être assidu-e dans vos prises de notes, de toujours bien classer vos idées en fonction du thème qu’elles développent (géographie, magie, personnages, récit…). Cette méthode génère vraiment une énorme quantité d’informations et si vous ne vous disciplinez pas à rester organisé-e, vous risqueriez de perdre certaines idées ou de ne plus vous retrouvez dans ce que vous avez écrit.

C’est cool, mais dans quel ordre doit-créer les éléments d’un roman ?

Si je devais vraiment donner un ordre, je vous dirais de commencer par le thème qui vous inspire le plus et de vous organiser à partir de celui-là en fonction de l’une des méthodes que je vous ai présentée. 😉

Une fois qu’on est lancé-e et qu’on a la bonne méthode, tout se fait presque tout seul !

Voilà ! J’espère que l’article vous a plu !

Alors, dites-moi : quelles méthodes appliquez-vous ? Vous convient-elle ou pensez-vous en changer à la suite de cet article ?

Vous souhaitez créer des mondes imaginaires fascinants ?


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