Voyager au Moyen-Âge


Aujourd’hui, j’avais envie d’aborder avec vous le thème du voyage au Moyen-Âge, plus précisément le voyage au Moyen-Âge en Europe.

A la même époque, l’idée que l’on se faisait du voyage était très différente d’une culture à l’autre. En Chine, par exemple, voyager était considéré comme dégradant et pénible. N’oublions pas non plus les peuples nomades tels les Bédouins, les Tziganes ou les Mongols pour qui le voyage constituait, et constitue encore, un mode de vie.

L’article du jour ne traitera pas des nomades, mais bien des sédentaires qui se déplacent pour une raison ou une autre.

Je voulais également aborder ce sujet car, dans la medieval fantasy, on voyage souvent, dans les autres genres également, mais surtout dans celui-ci. Je connais très peu de romans medfan dans lesquels les personnages restent dans la même ville. Le voyage est donc un thème important en Fantasy et je voulais donc l’aborder avec vous.

Qui voyage au Moyen-Âge ?

Beaucoup de monde se trouve sur les routes à cette époque. Les raisons qui poussent les hommes et les femmes à partir sur les routes, courtes ou longues, sont assez nombreuses mais découlent le plus souvent d’une certaines nécessité et rarement d’une envie ou d’un plaisir. On peut citer, par exemple : l’enrichissement matériel pour obtenir une meilleure condition de vie pour soi-même, sa famille ou sa communauté, l’enrichissement spirituel, l’enrichissement intellectuel, le transport des nouvelles,…

  • Les commerçants : par commerçants, je parle autant de l’éleveur qui va vendre des œufs au marché de la ville d’à côté comme le colporteur qui parcoure le pays pour vendre les marchandises qu’il transporte, mais aussi les marchands qui traversent les mers et les continents pour échanger des biens de leur pays d’origine contre des denrées exotiques. Au Moyen-Âge, pas d’internet ni de vente par correspondance, pour commercer, il faut voyager.
  • Les pèlerins : les voyages vers un lieu sacré afin de pouvoir se trouver au plus près de son dieu et l’espoir de se voir accorder un miracle ou une grâce était très courant et l’est encore. Les plus connu des pèlerinages est celui de Saint-Jacques de Compostelle, sans nul doute.
  • Les artistes : par « artistes », il faut comprendre les peintres, les sculpteurs, les musiciens et les comédiens. A cette époque, les écrivains et poètes étaient surtout considérés comme des intellectuels. C’est assez logique de se dire que pour trouver du travail lorsque l’on est artiste, il faut se déplacer. D’une part, une ville ne comptera jamais assez d’artistes pour combler ses besoins — de là, il y a soit échange d’œuvres d’art soit appel à des artistes — et, d’autre part, une ville seule ne pourra jamais nourrir un artiste durant toute sa vie. Il faut bien se rappeler qu’au Moyen Âge, les personnes qui faisaient appel aux artistes, peintres et sculpteurs majoritairement, étaient le clergé et les nobles, pas les petites gens, la clientèle était donc faible bien que riche — et souvent pingre.
    En ce qui concernait les musiciens et les comédiens, ils se représentaient autant dans les auberges et les tavernes que sur les places publiques et dans les cours des nobles.
  • Les intellectuels : ils se déplaçaient surtout pour pouvoir avoir accès à différents documents ou tout simplement pour échanger avec d’autres penseurs.
  • Les nobles : les nobles voyagent peu en comparaison des autres classes de la société tout simplement parce que faire déplacer toute une cour coûte très cher. Ainsi, s’ils voyagent se doit être pour des raisons très importantes comme régler un problème chez l’un de leurs vassaux, apporter un soutien armé à l’un de ses territoires ou alliés attaqués, s’établir dans sa résidence d’été ou d’hiver, rendre visite à son suzerain,…
  • Les moines : il y avait beaucoup d’échanges culturels entre monastères, ne fût-ce que pour apporter des exemplaires de différents textes à copier et à étudier, mais aussi pour s’assurer que la bonne parole soit répandue.
  • Les compagnons : il s’agit ici d’ouvrier ayant terminé leur apprentissage et qui doivent sillonner le pays afin de terminer leur formation auprès d’un maître ou plusieurs maîtres afin de devenir maître eux-même.
  • Les chevaliers : les chevaliers sont les hommes de mains de la noblesse, ils se doivent donc d’accomplir des missions aux quatre coins des terres de leur suzerain, si ce dernier le leur demande.

Les moyens de transport

  • A pied : il s’agit du moyen de transport le plus utilisé car le moins cher (en règle général, tout le monde naît avec des pieds, pas besoin d’en acheter). En revanche, il faut les protéger avec une bonne paire de chaussures ou de bottes, le choix dépend du terrain et de la saison.
    En outre, pour certains pèlerin, le voyage à pieds nus est une obligation.
  • A cheval : qu’il s’agisse d’une mule, d’un âne ou d’un cheval avec ou sans chariot. Toutefois, ce moyen de transport coûte cher et n’est pas permis à tout le monde, puisque le cheval est un attribut social à l’époque. J’ajouterais également que les chariots, voitures et autres chars n’étaient pas très utilisés car ils supportaient mal les cahots de la route — le bitume n’ayant pas encore été inventé.
  • En bateau : ce moyen de transport est utilisé pour de grandes distances maritimes comme fluviales. Par exemple, cela coûtait moins cher d’effectuer le trajet Dijon-Lyon par transport fluvial plutôt qu’à cheval. [Pensez-y dans vos romans : tout ne se faisait par la route ]

Les contraintes du voyage

A cette époque, les dangers et les obstacles étaient nombreux sur le chemin des voyageurs. On peut, néanmoins retirer deux règles générales : « Au Moyen-Âge, on ne voyage jamais seul et jamais la nuit. »

Il n’y a que des personnes particulières qui voyagent seules : les ermites et les pèlerins. Le nombre de personne avec qui on voyage dépend également du rang social du voyageur : plus on est haut, moins on voyage seul. Un baron se déplace avec sa cour, un chevalier avec son écuyer, un marchand avec ses congénères. Se déplacer seul, c’est vulgaire ! C’est du domaine des vilains, dans tous les cas, c’est dangereux. Toute personne qui voyage seule est suspecte. Parmi eux, on peut citer :

  • Les brigands : bien entendu, la délinquance ne date pas d’hier et les bandits étaient une menace bien réelle. C’est pourquoi on ne voyageait pas seul, ce qui était assez suicidaire. Il y avait également, le long de certaines routes fréquentées et souvent la cible d’attaques, des personnes autorisées à porter les armes afin de protéger les voyageurs, on les appelaient les « gens d’armes ».
  • La météo : les intempéries sont souvent parmi les pires ennemis des voyageurs, surtout lorsqu’ils voyagent en mer. Les naufrages dus à des tempêtes en ont tué, blessé ou ralenti plus d’un.
  • La maladie : l’un des principaux facteurs des épidémies sont les voyages — c’est aussi valable pour le XXIe siècle. Si les malades restaient isolés chez eux, ils ne transmettraient pas les virus et bactéries à leurs voisins — ou collègues — qui les transmettraient à des voyageurs qui les transmettraient à la ville suivante, etc.
  • Les taxes : toute route digne de ce nom était automatiquement taxée. Ces taxes, qu’on appelle douanes ou tonlieu, représentent une ressource importante pour les seigneurs. Une route a d’autant plus de chances d’être taxée si elle est parcourue par des marchands. Les péages frappent aussi les ponts voire tout bonnement les entrées des villes. Voyager pouvait donc coûter cher.
  • Les reliefs : nous l’avons vu dans la série à propos de l’élaboration des cartes, les reliefs et les biomes peuvent parfois poser problème aux voyageurs. On ne traverse pas un col de montagne comme on traverse une plaine, de même qu’il est facile d’être pris au piège dans un marais ou une mangrove.
  • Les trajets : les trajets en eux-mêmes ne sont pas évident. En général, les routes étaient balisées mais, il existait le métier de guide qui permettait mener les voyageur à leur destination.
  • La sustentation : que mangeait-on lorsqu’on voyageait ? C’est une question qui m’a été posée il y a très longtemps, en commentaire de l’article Boire et Manger au Moyen-Âge, et j’ai un peu honte de n’y répondre que maintenant.
    Lorsque l’on voyageait, on consommait surtout des aliments qui ne périssaient pas vite comme du pain (que l’on pouvait encore manger rassi) ou de galette, du fromage (de préférence à pâte dure pour limiter les odeurs), de la viande et du poisson séché ou fumé et l’on buvait du vin et/ou de la bière car l’eau était porteuse de maladie. On passait la nuit à l’auberge ou on logeait chez l’habitant, parfois un fermier vous accordait de manger à sa table et de dormir dans sa grange contre un payement ou un service. Parfois, il arrivait qu’on doive bivouaquer, dans ce cas, on se nourrissait du produit de la chasse et de la pêche.
  • La faune : les animaux sauvages pouvaient constituer un danger pour les voyageurs. Des animaux comme les frelons, les serpents, les ours, les guêpes et plein d’autres parasites qui pouvaient pondre leurs œufs sous votre peau et vous inoculer des maladie pas très sympa. Contrairement à ce qu’on pense, les loups et les lynx n’attaquent que rarement les humains, ils en ont peur. S’ils attaquent c’est que leur proie est isolée et faible et/ou qu’ils sont réellement affamés ou encore que vous vous êtes approchés trop prêt de leurs petits.

Si vous comptez faire voyager vos personnages dans des contrées hostiles, ou pas, j’espère que cet article vous a aidé. Afin de le compléter, vous aurez bientôt droit à des articles à propos de l’orientation ! 😉

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