Magie et Religion dans un univers de fantasy : un équilibre délicat


Aujourd’hui, maintenant que la frénésie de la campagne Ulule est terminée, on reprend le rythme d’un article par mois à propos de la magie.

Aujourd’hui, donc, nous parlerons des relations que peuvent entretenir les thaumaturges, la Magie et les religions d’un point de vue social, au sein d’un même peuple ou d’une même nation ou d’une même culture.

Les magies divine et cléricale ainsi que la Religion seront traitées dans des articles et séries d’articles dédiés. Il y a beaucoup trop à dire pour un seul article.

En Fantasy, la magie et la religion sont souvent étroitement liées créant ainsi une trame complexe de croyances, de pouvoirs et de conflits.

Rappel de la différence entre la magie profane et la magie divine

Dans certains univers de fantasy, la frontière entre la magie profane des thaumaturges et la magie divine des ecclésiastiques et des fidèles est floue.

Cependant, nous pouvons tout de même nous baser sur plusieurs critères assez élémentaires pour différencier la magie profane, parfois appelée « magie naturelle », de la magie divine :

1. L’origine et la source du pouvoir

La magie profane tire ses pouvoirs de sources naturelles comme les éléments, la Magie elle-même (cf. La Force, le Chi ou le/la mana), de leurs familiers, d’artefacts, etc.
Les thaumaturges profanes étudient la Magie le plus souvent dans des livres (voire des écoles) ou avec des mentors, ainsi que par l’expérimentation et l’exercice.
Dans certains cas ils et elles peuvent puiser dans une source interne de magie, comme c’est le cas, par exemple, des pouvoirs personnels.

La magie divine, quant à elle, est reliée à une ou des divinités et à leur domaine d’exercice dans le cas des panthéons.
Les personnages qui utilisent la magie divine sont des prêtres et prêtresses, des paladins et paladines.
Ils tirent leur pouvoir des divinités qu’ils vénèrent : leurs pouvoirs sont accordés en échange de leur dévotion (prières, foi, mission divine, etc.) envers une ou des divinités.
D’ailleurs, dans le cas de la magie divine on parle davantage de bénédictions et de miracles que de pouvoirs et de sorts.

2. Le but et l’utilisation

La magie profane est généralement utilisée à des fins diverses telles que la protection, l’attaque, le ménage, le divertissement, l’utilitaire, ou autre. Elle ne sert que les intentions des thaumaturges qu’elles soient personnelles, altruistes ou égoïstes.

La magie divine est toujours utilisée dans un cadre sacré ou au nom de la ou des divinités priées par les personnages. Les personnages pratiquant la magie divine ne peuvent le faire que pour honorer leur(s) divinité(s), souvent même dans le cadre d’une mission divine ou d’une responsabilité religieuse.
Il est même fréquent qu’un personnage ne dispose d’aucun pouvoir quand il n’est pas en mission pour sa divinité. Un peu comme si la magie divine était un « pouvoir de fonction » au même titre qu’un téléphone ou qu’une voiture de fonction dans notre monde.

3. La Morale et l’éthique

Les thaumaturges profanes ont une plus grande liberté morale dans l’utilisation de leurs pouvoirs, car leur magie est basée sur la connaissance et la maîtrise personnelle.
Leurs pouvoirs ne croissent ou ne décroissent pas en fonction de leur alignement ou d’un changement de celui-ci.

Alors que les adeptes de la magie divine doivent agir en suivant les principes moraux et éthiques dictés par le domaine de leur(s) divinité(s).

Maintenant que ce rappel est fait, nous pouvons passer au vif du sujet : les différents types de relation que peuvent entretenir la Magie et la Religion.

1. La Cohabitation entre Magie profane et Religion

Cette cohabitation peut être aussi bien houleuse et ne tenir qu’à un fil, que pacifique et durable.

Dans le cas d’une cohabitation pacifique, les deux parties s’entendent bien et ne cherchent pas à se nuire mutuellement. Exit donc les bûchers et les malédictions.

Nous pourrions donc envisager une société tolérante où chaque « partie » accepterait que chaque force, divine comme profane, ait un rôle à jouer dans l’ordre du monde.

2. Quand la Magie est exclusivement divine.

Dans certains univers, la magie est exclusivement le domaine des dieux et des déesses et n’est accordée qu’à leurs adeptes, voire seulement à des Élu-e-s qui deviennent alors des Champions ou des Championnes.

Les prêtres, prêtresses, paladins et paladines sont alors les seul-e-s à avoir le pouvoir (et le droit) de lancer des sorts et d’invoquer des miracles grâce à leur foi inébranlable. Les rituels magiques sont alors des actes de dévotion, utilisés pour honorer la ou les divinités, et accomplir leur volonté.

Dans ces univers-là, les thaumaturges sont des intermédiaires entre le monde matériel et les dieux et les déesses. La Magie devient alors l’expression même de la foi et le seul moyen pour les mortel-le-s de communiquer et d’interagir avec les dieux et les déesses.

Cependant, bien qu’il n’y ait pas de conflits ou d’interactions au sens large entre une magie profane et une magie divine, le contexte peut engendrer des conflits internes au sein des communautés religieuses, où les adeptes peuvent jalouser les bénédictions des autres, créant ainsi des luttes de pouvoir ou d’influence.

Il peut également y avoir des conflits théologiques entre différents courants religieux ou entre différentes religions, entraînant ainsi des conflits divins dans lesquels les divinités s’opposent entre elles et s’affrontent par le biais de leurs champions ou championnes respectives.

3. Quand magies divine et profane s’opposent

Très souvent, la magie profane est vue comme sauvage et chaotique, et s’oppose à la magie divine considérée comme réglementée et ordonnée.

Les institutions religieuses condamnent alors la magie profane considérée comme une menace à l’ordre divin.

En face, les thaumaturges peuvent s’opposer aux religions, décrétant que ces dernières sont des entraves à leur liberté et à la connaissance.

Nous pouvons également considérer le cas où la magie est une spiritualité vue comme libre et individualiste qui peut ne pas plaire aux institutions religieuses qui y verraient un obstacle à l’avancée des principes éthiques et moraux de leur(s) divinité(s).

Justine Breton l’explique sur le site de la BNF dédié à la fantasy :

« La fantasy tend généralement à opposer la spiritualité personnelle, bien souvent pure et bénéfique aux personnages, à la religion institutionnalisée, source de corruption, de destruction, voire de fanatisme (La Voie des oracles, Estelle Faye*, à partir de 2014). »

Cette opposition entre ces deux types de magie permet de traiter nombre de thèmes tels que l’intolérance, le fanatisme, la foi et même le libre arbitre, mais aussi d’opposer (ou de chercher à concilier) des concepts qui s’affrontent souvent tels que :

  • le nouveau vs l’ancien
  • l’individu vs la communauté
  • l’ordre vs le chaos
  • le sauvage vs le civilisé
  • la connaissance vs l’obscurantisme
  • le Bien vs le Mal
  • la liberté vs le dogme
  • etc.

Chacun de ces concepts pouvant être rattaché à l’une des magies en fonction de l’univers et de votre intention.

En conclusion, les relations qu’entretiennent les thaumaturges profanes, la Magie et la Religion sont complexes et très diverses, mais surtout uniques à chaque univers.

Les différentes façons dont la Magie et la Religion coexistent, se mélangent ou se heurtent créent des dynamiques qui façonnent les sociétés, les cultures et les individus qui peuplent nos mondes.

Elles nous offrent également à nous, auteurs et autrices de fantasy, l’opportunité d’explorer des thèmes profonds.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui 🙂

J’espère que cet article de reprise de la série à propos de la Magie vous a plu !

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